Les Derniers Parisiens est le premier long métrage de Hamé et Ékoué, membres du groupe de rap La Rumeur. C'est en 2012, après l’expérience de De L’Encre (fiction unitaire pour Canal +) et de la sélection du court métrage Ce Chemin Devant Moi en compétition officielle à Cannes, qu'ils ont commencé à penser à un film dédié à Pigalle.
Hamé et Ékoué ont écrit le scénario sur 18 mois (parallèlement à leurs autres activités) et voulaient d'emblée produire eux-mêmes le film pour accroître leur degré de liberté. "Nous avons donc porté toutes les casquettes : auteurs, réalisateurs et producteurs. Ce qui n’était pas gagné d’avance ! Nos partenaires nous ont fait confiance. Nous nous sommes entourés de gens précieux et bienveillants", se rappelle le premier.
Hamé et Ékoué sont amis avec Reda Kateb et Slimane Dazi depuis quinze ans et ont immédiatement pensé à eux pour endosser les rôles principaux des Derniers Parisiens. Au sujet de Mélanie Laurent, les cinéastes l'avaient rencontrée en mai 2015 alors que le film était déjà financé et le casting réuni. La célèbre actrice accepta de prendre part au projet après en avoir lu le scénario.
Avant de s'intituler Les Derniers Parisiens, le film s'appelait "Mon nom à Pigalle", un titre mettant davantage l'accent sur le célèbre quartier parisien au centre du long métrage de Hamé et Ékoué.
Reda Kateb et Slimane Dazi ont tous les deux joué dans le film de prison culte réalisé par Jacques Audiard Un prophète. Tandis que le premier campait le pote de Tahar Rahim Jordi, le gitan, le second s'était glissé dans la peau du charismatique gangster marseillais Brahim Lattrache.
Le point d’ancrage de La Rumeur a toujours été le 18ème arrondissement de Paris, et Pigalle en particulier. Cette promiscuité qu'ont Hamé et Ékoué avec ce célèbre quartier parisien a beaucoup aidé pour le tournage (ils n'ont par exemple pas eu besoin de cordons de sécurité). Ils notent : "Notre caméra était partout. C’est à ce prix là que nous avons saisi des images authentiques. En mêlant par exemple des comédiens à l’effervescence de ce terre-‐plein central du boulevard de Clichy où tout le monde « bricole »."
Hormis les têtes d'affiche, la plupart des acteurs du film sont non professionnels et sont amis avec Hamé et Ékoué. Le premier confie : "C’est une question de confiance, de comment on les regarde. Ils ont un amour de la gouaille ! Des scènes ont été écrites sur la fin du tournage. Par exemple celle où, dans la voiture, le copain Brahim se chauffe tout seul contre le videur qui n’est pas là. Le texte a été proposé par Brahim lui-même."
Le célèbre quartier parisien est au centre de plusieurs autres films. C'est par exemple le cas de Bob le flambeur de Jean-Pierre Melville, Le Désert de Pigalle de Léo Joannon ou encore Les Ripoux de Claude Zidi. Par ailleurs, dans la série Pigalle, la nuit, un trader campé par Jalil Lespert erre dans Pigalle dans l'espoir de retrouver sa soeur qu'il croit avoir aperçue dans un bar.
Hamé et Ékoué voient aussi le quartier de Pigalle comme un témoignage pertinent de la transformation du monde où les centres-villes tendent de plus en plus à concentrer tous les pouvoirs, excluant ainsi davantage les plus pauvres : "L’argent de la rue, c’est de l’argent sale. Et finalement tout le monde se retrouve dehors. La globalisation est là. Elle rachète tout, et voici les Starbucks, les Sushi Bar. Lucrèce, qui a escroqué Nas, a compris de manière foudroyante que ce qui payait c’était le commerce des baux commerciaux, boostés par le magnétisme du centre de Paris qui attire les enseignes internationales."