Deux acteurs qui crèvent l'écran. Ils sont frères. Et puis il y en a une qui travaille au SPIP (C'est le Service pénitentiaire d'insertion et de probation, mais on ne nous le dit pas dans le film. C'est comme si cela faisait partie du bagage préalable nécessaire au spectateur. Qui a eu affaire à la prison le sait. Eux, ce sont Reda Kateb et Slimane Dazi, elle, c'est Mélanie Laurent. Sa blondeur et sa voix grave contrastent avec les deux autres lascars. Le plus âgé tient un bar "Le Prestige", tandis que son frère Nas, qui sort de prison, veut se faire un nom, mais est-ce possible lorsqu'on entend "naze", chaque fois que l'on nous dit bonjour ! Et puis, il y a Pigalle, qui constitue un arrière plan magnifiquement filmé. Pigalle et ses personnages secondaires, sa gouaille, ses touristes, ses arnaqueurs, ses boites de nuit et cette atmosphère si particulière. Tard dans le film, le propos politique survient. Il y a la génération des grands frères, qui se sont soumis ou qui sont morts et celle d'après, qui ne se pliera pas, qui ne manquera pas d'argent et s'en donnera les moyens. Le curseur n'est pas celui de la légalité, mais de la dignité coûte que coûte, quel qu'en soit le prix à payer. L'un des fils rouges du film, c'est aussi celui de la fraternité, qui oscille entre rivalités et loyautés. Un film sombre, mais intense.