Allez, zou, on prend la route dans le sud désertique américain ! Un rêve pour tout touriste étranger, un cauchemar pour toute personne au passif pas très net car "Southbound" semble prendre un malin plaisir à nous démontrer que c'est bien dans cette zone que les plus hautes instances de l'Enfer ont établi leur filiale sur Terre...
Ces dernières années, on en a mangé de l'anthologie horrifique de qualité plus qu'aléatoire. À quelques exceptions près, ces dernières avaient d'ailleurs souvent pour point commun soit de nous balancer leurs petites histoires sans véritable liant entre elles, soit de construire un fil rouge plutôt pauvre pour nous donner très vite envie de passer à la suivante. En ce sens, "Southbound" va bousculer la donne en dégageant une étonnante harmonie et un équilibre entre l'ensemble de ces segments pour construire un film cohérent dans sa représentation des divers châtiments infernaux infligés à des victimes plus coupables les unes que les autres.
Les réalisateurs (une partie de l'équipe de "V/H/S") ont beau se succéder, chacun parvient à utiliser un sous-genre horrifique différent en faisant remarquer sa propre patte tout en s'inscrivant dans la continuité formelle de la globalité du long-métrage.
Un travelling habile pour passer d'un personnage central d'une histoire à un autre, une rencontre violente entre les deux suivants ou encore un twist final malin, les tours de passe-passe cinématographiques pour nous donner une impression de non-rupture entre les différents segments s'enchaînent avec une véritable fluidité emmenée par la voix ténébreuse d'un animateur radio faisant écho à la pénitence promise de chacun des protagonistes.
Le procédé fonctionne admirablement bien et permet à "Southbound" de ne jamais de défaire de sa belle ambiance générale jusqu'à son terme, ce qui en fera incontestablement son plus bel atout et lui permettra de sortir du lot de toutes les "anthorrofic" contemporaines.
Du côté du contenu, les segments ne tapent pas dans l'originalité la plus folle mais ils se révèlent tous assez consistants, qualitativement parlant, pour s'intégrer dans la colonne vertébrale de continuité du film.
Une journée sans fin infernale, une panne dans le désert débouchant sur une sympathique messe noire, un accident qui tourne en mal (le plus amusant du lot), un bar aux habitués très louches (peut-être le plus faible malgré la densité prenante de son ambiance) et un home invasion à la conclusion inattendue, le programme de "Southbound" parvient toujours à fondre l'apparent éclectisme de ses "hommages" au genre et à ses derivés pour le mettre au service de cette même thématique démoniaque où des âmes damnées, aussi mystérieuses que réussies visuellement, veillent à ce que chaque victime reçoive une punition bien méritée.
Amusant, toujours intriguant, bien construit et attractif sur la forme, "Southbound" coche toutes les cases d'un bon film à sketches horrifiques réussi. Peut-être pas assez pour en faire une révolution du genre, certes, mais le film fait plus que preuve d'une certaine habileté à en utiliser les meilleurs codes trop souvent oubliés.