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Tumtumtree
167 abonnés
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4,5
Publiée le 4 janvier 2018
Un film très exigeant, tant par sa lenteur que par la ténuité extrême de son scénario. Mais un très beau film... Sans atteindre la puissance du "Cheval de Turin" de Bela Tarr, "Tharlo le berger tibétain" s'inscrit dans la veine d'un cinéma âpre, abstrait, silencieux et en noir & blanc. Le film est une réflexion sur l'identité à travers l'histoire d'un berger qui découvre la ville et ses tentations. Le récit s'apparente ouvertement à un conte, dont on ne saisit pas tout à fait les tenants et aboutissants car certains reposent vraisemblablement sur une culture spécifiquement tibétaine et/ou chinoise. La mise en scène est exceptionnelle ; le film comporte d'ailleurs l'un des plans les plus complexes que j'ai jamais vus au cinéma (une histoire d'argent et de cheveux devant deux miroirs... je dis cela pour ceux qui l'ont vu). Cependant certaines scènes sont malmenées par le mauvais jeux des acteurs de second plan qui sont sans doute des non-professionnels. Mais bon, c'est peu de choses en regard des qualités esthétiques et philosophiques de cette oeuvre qui nous fait découvrir un grand cinéaste.
Film dépaysant, tourné en noir et blanc, et parfois même en noir et gris…le nouveau film du cinéaste tibétain Pema Tseden raconte l’histoire de Tharlo, plus généralement appelé « petite natte » car il ignore qui lui a donné son nom…il a pourtant une mémoire phénoménale et bien qu’ayant quitté l’école à 9 ans, il a mémorisé plusieurs discours du Président Mao…il a perdu ses parents, pour survivre il est devenu berger et mène une existence paisible dans la montagne, éloigné des réalités du monde. Sa mémoire lui permet de se souvenir du nombre de moutons, de leur provenance, de leurs couleurs, il en garde aujourd’hui jusqu’à 375…A l’aune de ses quarante ans, il est convoqué par les autorités locales. Les nouvelles directives du gouvernement imposent la possession d’une carte d’identité pour tous les citoyens de la République Populaire de Chine. Devant fournir une photo d’identité, pour la première fois, Tharlo descend en ville. La photographe le trouvant pour le moins, mal coiffé, l’envoie chez une jeune coiffeuse en face de son studio et cette rencontre, va bouleverser son existence…Tseden filme avec un grand talent les paysages ruraux et urbains, s’attarde sur les visages, passe d’un film ethnographique à la satire sociale, sous-entendant la bureaucratie chinoise… verse dans la romance avec cette rencontre avec la jeune coiffeuse sans nous laisser comprendre la nature de leur rencontre…l'accompagne de musiques sirupeuses jusqu’au semblant de rap très guimauve…puis retourne au documentaire , au travail du berger et son rapport avec les bêtes…la fin est plus énigmatique…a-t-il finalement été arnaqué par la jolie coiffeuse…c’est probable…Le film esquive la censure chinoise en diluant la critique sociale dans un ensemble plus vaste et insaisissable…toutes les transformations que la jeune coiffeuse va imposer au berger pétri de valeurs traditionnelles servent évidemment de métaphore à Pema Tseden pour représenter sur un second niveau de lecture l’acculturation chinoise que subissent les Tibétains. Il y a un coté conte cruel dans l’histoire de ce berger parti à la ville pour chercher une carte d’identité et qui finira par y perdre la sienne…et symboliquement sa chevelure et sa « petite natte » acte métaphoriquement castrateur …
Il est vrai que lorsqu'on aime Bela Tarr on se glisse sans peine dans ce superbe film, cruel et prévisible. Dès la rencontre avec la coiffeuse le berger tombe dans le panneau presque volontairement comme s'il avait scellé sa vie solitaire et que l'avenir ne l’intéressait plus. Malmené de tous les côtés son silence sage le sanctifie. Magnifique noir et blanc.
Un film époustouflant, magnifiquement incarné, dont le rythme lent et long permet d'atteindre à la profondeur des thèmes abordés. Son souvenir, depuis que j'ai eu la chance de le découvrir, il y a deux ans je crois, reste vivace et je vais chercher à le revoir.
Tharlo alias "Petite-natte" doit aller à la ville pour s'y faire tirer le portrait afin d'obtenir une carte d'identité. Il y rencontre une coiffeuse qui passe avec lui une soirée bien arrosée et lui propose au petit matin de changer de vie. La suggestion fait son chemin dans l'esprit du berger tibétain…
"Tharlo, le berger tibétain" est un curiosité : un film droit venu des hauts plateaux tibétains, tourné par un cinéaste dont on apprend qu'il s'agit de la quatrième réalisation mais dont aucune n'avait jamais jusqu'alors été distribuée en France. Les occasions sont suffisamment rares d'entendre cette langue et de voyager sous ses latitudes pour laisser passer cette curiosité.
Un film tibétain ? en noir et blanc ? quasi-muet ? en longs plans fixes ? dont le principal héros est un berger solitaire et alcoolique ? J'entends d'ici vos sarcasmes railleurs.
Je l'aurai bien cherché. Et hélas, force m'est de reconnaître que vos sarcasmes ne sont pas sans fondement. Si j'étais un poète, si j'étais un esthète, j'aurais été enthousiasmé par le destin minuscule de Tharlo et les paysages majuscules de l'immensité tibétaine filmés en long plan fixe. J'aurais été touché par cet homme hypermnésique dont le communisme n'a pas su faire fructifier les talents et l'a condamné à vivre seul au milieu de ses bêtes. J'aurais été révolté par un système sans âme qui dénie à "Petite-natte" son nom, sa chevelure et finalement sa place dans la société.
Mais je suis un spectateur de chair et d'os que le spectacle, pendant plus de deux heures, d'interminables plans-fixes, étirés au-delà du soutenable, a torturé. Un spectateur qui a passé la quasi-totalité du film a surfé sur son portable (le MK2 Beaubourg, où il était diffusé quand j'ai vu ce film à sa sortie début 2018, bénéficiait de la Wifi de Leroy-Merlin) sans rien manquer d'une histoire qui se traînait en longueur. Un spectateur qui espérait voir le Tibet et n'en a aperçu que les salons de coiffure étriqués et les karaokés enfumés. Un spectateur frustré d'avoir perdu son temps et honteux de n'être ni poète ni esthète.
Tharlo, berger solitaire est allé à la ville pour chercher une carte d’identité qui, selon le commissaire du peuple en charge de l’administration locale, lui permettra « d’exister » partout où il ira, alors que bien entendu il n’a nulle part où aller à part dans sa montagne thibétaine, auprès de ses moutons. Symbole de l’acculturation que l’administration centrale chinoise impose à ses peuples périphériques, cette « recherche d’identité » finira par lui faire perdre la sienne…Un film fort, intense, d’une beauté formelle remarquable, ayant souvent recours à des plans fixes très riches. Tseden filme remarquablement, aussi bien les paysages arides de montagne que les visages. Mélange de poésie, de documentaire, de chronique sociale, ce film est une magnifique réussite par le fondateur d'un nouveau cinéma tibétain
Scénario épuré dont la simplicité ressort face à une mise en scène savante, Tharlo ne serait qu'un film festivalier parmi d'autres sans une remarquable sincérité qui néglige les effets de manche. Un esthétique quasiment documentaire qui nous sauve de pas mal de poncifs du genre, dont seule subsiste une magnifique scène dans le salon de coiffure dont on ne dira rien pour ceux qui n'ont pas vu le film.
Film tibétain aussi rare que magnifique ! Il aborde les questions d’identités. Est-ce que nous reflétons l'endroit ou nous vivons ? Film tourné au Tibet mais peut s'appliquer à beaucoup d'endroits qui sont également confrontés à un exode rural dont nous pouvons clairement voir une dichotomie entre la ville et la campagne. Sublime !