Le film montre un monde, celui du personnage principal, celui "du milieu" d'après le titre allemand, où il n'existe quasi que des femmes. Les hommes sont réduits à n'être qu'un père inconnu et absent, les amants interchangeables de la mère, le dernier de ces amants étant un bon tâcheron menuisier sans âme soumis à une reine-mère bien fanée, un fils ayant préféré abandonner toute virilité pour plutôt se faire gay, le seul mâle ayant encore un peu d'hormones étant à moitié gay lui aussi, et le plus mâle de tous étant un légume dans le coma. Parmi ces femmes qui dominent ce monde, il y a surtout celle qui a enfanté mais ne veut pas qu'on l'appelle "mère" et, face à elle, sa fille, le seul être qui essaie encore de se rebeller contre cet ordre mortifère. Je ne vois pas comment on peut voir ce film autrement que comme le regard objectif posé sur une société en désagrégation totale. Ce film donc est plutôt bien, comme Virgin Suicides de Mme Coppola, avec des références cinématographiques diverses et des meilleures (dont Parker Lewis), la plus évidente de ces références étant Citizen Kane (Snowball), ce qui peut s'interpréter comme le désir du jeune homme de retrouver un cadre familial normal, avec un père et une famille normale plutôt que la décomposition de cette "famille" qui n'en est pas vraiment une qu'a vaguement "construit", en fait en profitant d'un héritage qui lui permet d'être une totale inactive, sa mère. Sous son aspect mignon et gentillet, ce que donne à voir ce film est un réquisitoire sans concession contre la société germanique contemporaine.