Le tout dernier film de Solveig Anspach (décédée depuis le tournage) est en réalité la suite d’un film que je n’ai pas vu et qui s’appelle, si j’ai bien compris, « Queen of Montreuil ». J’avais espéré pouvoir profiter et tout comprendre de l’ « Effet aquatique » sans boire la tasse, comme quand on vous dit « Tu n’as pas lu le tome 1 mais ne t’en fais pas, les histoires sont indépendantes et tu vas tout comprendre ! ». Sauf que ça n’est jamais aussi simple et que, logiquement, certaines choses vous échappent et vous le sentez nettement. C’est malheureusement ce qui s’est passé avec « L’effet Aquatique » ou, même en glanant deux-trois éléments deci-delà, vous n’arrivez pas à comprendre pleinement les liens qui existent déjà entre les personnages et l’importance de leur passé et du coup, vous avez l’impression de nager un peu à contre-courant. Reste que l’histoire de l’ « Effet Aquatique », qui n’est jamais au fond qu’une histoire d’amour toute simple entre deux personnes toutes simples, timides et un peu maladroites, est terriblement touchante parce qu’elle sonne vrai de bout en bout. Les deux comédiens, Florence Loiret-Caille (que je ne connaissais pas du tout) et Samir Guesmi sont irréprochables dans leur rôle d’amoureux hésitants. Ils incarnent tous les deux avec beaucoup de sensibilité la fragilité de deux personnes à la fois attirés l’un par l’autre et terrifié à l’idée de plonger vers l’inconnu (surtout Agathe, qui est veuve). Autour d’eux, et c’est quelque chose d’assez courant, les personnages secondaires sont presque improbables tellement ils sont outranciers mais surtout hors-norme. Du patron de la piscine (formidable Philippe Rebot, déjà vu cette année dans « Rosalie Blum) à Anna la conseillère municipale de Reykjavik, en passant par la maitresse-nageuse obsédée sexuelle (Laurence Cotte, épatante et… flippante), tous les gens qui les entourent semblent si étranges, excessifs, hauts en couleur, que le couple Samir/Agathe n’en parait que plus normal et attachant. Le film ne manque pas d’humour même si on ne peut pas vraiment le qualifier de comédie. La plupart des scènes drôles sont du fait des rôles secondaires, dont on se demande jusqu’à quel point ils ne sont pas là juste pour ça ! La réalisation d’Anspach est soignée et l’omniprésence de l’eau lui offre l’occasion de très jolis plans, elle joue avec les reflets, les couleurs et la lumière, surtout dans les 20 premières minutes du film qui se déroulent presque entièrement dans la (plutôt) jolie piscine de Montreuil. Ensuite direction l’Islande et là, comme à chaque fois qu’on filme les paysages islandais (souvenez-vous de « La vie rêvée de Walter Mitty »), c’est un bonheur… L’Islande est un pays, je dois le reconnaitre, fascinant par bien des aspects et Solveig Anspach, qui était d’origine islandaise, filme son pays avec une tendresse évidente. Le scénario de « L’Effet Aquatique », au final assez simple, n’est pas bien compliqué à comprendre. Le problème, en ce qui me concerne, est que comme je n’ai pas vu le film précédent, pas mal de choses m’ont sans doute échappées et que donc, par moment, je me suis retrouvée devant un film qui semblait m’échapper comme une savonnette mouillée. Un certain nombre de scènes flirtent avec le surréalisme (la voyante islandaise qui voit l’avenir dans une tasse à café à peine bue), un certain nombre de personnages semblent si étranges qu’on a du mal à y croire, et parfois, je le confesse, on trouve certaines scènes trop décalées et on commence à trouver le temps long, ce qui est quand même dommage pour un film de mois de 90mn. Et puis, le coup de théâtre qui va finalement rapprocher les deux amoureux, cet « électrochoc » n’est pas le truc le plus crédible du monde, il faut bien l’avouer ! Mais ce n’est pas bien grave, parce qu’on est de toute façon charmé par couple Agathe/Samir et leur fragilité. Cela dit, j’encourage ceux qui voudraient se jeter à l’eau en allant voir « L’effet aquatique » de commencer par le petit bain en regardant « Queen of Montreuil » avant, histoire de bien apprendre la brasse avant de faire des longueurs ! C’est moi-même ce que j’aurais du faire, je m’en rends compte un peu tard.