Pour son nouveau et malheureusement dernier film, la réalisatrice Sólveig Anspach (décédée des suites d’un cancer en 2015) nous transporte à la piscine municipale de Montreuil pour l’une des plus belles histoires d’amour de cet été.
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du Festival de Cannes cette année, l’Effet Aquatique, raconte l’histoire de Samir, la quarantaine, qui tombe raide dingue d’Agathe, maître-nageuse à la piscine Maurice Thorez de Montreuil. Pour l’approcher, il décide de prendre des leçons de natation (Alors qu’il est plutôt bon nageur). Malheureusement, son mensonge ne tient pas longtemps et c’est à partir de ce moment-là que son plan drague va sérieusement se compliquer.
Du bassin de 25 m aux grandes étendues de l’Islande
D’un père américain et d’une mère islandaise, la réalisatrice française Sólveig Anspach retourne à Montreuil pour une deuxième après Queen of Montreuil où l’on retrouvait déjà les deux acteurs Florence Loiret-Caille et Samir Guesmi présents dans l’Effet Aquatique. Juste avant, la réalisatrice diplômée de la FEMIS avait adapté à l’écran la célèbre BD d’Étienne Davodeau Lulu, Femme Nue avec Karine Viard et Bouli Laners.
Pour l’Effet Aquatique, Anspach s’est donc plongée dans l’univers de la piscine municipale. Avec ses maillots de bain trop moulants, cette moiteur constante et ses sols glissants, quel meilleur endroit pour tomber amoureux ? Très inspirée par Depp End, film de Jerzy Skolimowski sorti en 1970, la réalisatrice a écrit en association avec le scénariste Jean-Luc Gaget une quête amoureuse très humide et surtout très drôle. Très touchante et bien mis en scène la partie dans la piscine de Montreuil nous fait découvrir un univers attachant parfait pour cette comédie romantique. En plus du duo d’acteurs Guesmi – Loiret-Caille impeccable, cette piscine Maurice Thorez prend vie grâce aux nombreux personnages secondaires interprétés entre autres par l’excellent (et trop rare) Philippe Rebbot et Estéban. Situations burlesques et dialogues remarquables on reste très emballé par cette première partie.
Histoire de bouger et de donner un second souffle, la réalisatrice transpose la seconde partie de l’Effet Aquatique en Islande. L’amour étant un long parcours chaotique, il paraissait évident pour Sólveig Anspach de conduire l’histoire dans son pays d’origine. Face aux grands espaces, nos deux personnages principaux sont ainsi confrontés aux éléments, mais aussi à leurs sentiments. Même si on peut la trouver trop longue, cette seconde partie est comme la première fort bien amenée et très bien mise en scène.
Accompagnée par sa chef-opérateur de toujours Isabelle Razavet, la réalisatrice offre de magnifiques images à son histoire. Que ce soit sur les plans dans la piscine à Montreuil ou en Islande, il y a une lumière qui est maîtrisée et un cadre qui est parfaitement juste. L’image apporte une certaine poésie et un certain lyrisme qui permet d’appuyer sur le romantisme de ce film. Le plan final est d’une beauté sans nom qui justifie à lui seul d’aller voir l’Effet Aquatique.
Ce film est donc le plus bel hommage qu’on peut faire à la carrière de Sólveig Anspach malheureusement partie trop tôt. Poétique, romantique, mais aussi très drôle, l’Effet Aquatique est un film qui va vous faire aimer les bonnets de bain en latex et les maillots de bain kangourou.