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    Les Chemins Arides
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    3,5
    Publiée le 29 août 2015
    Il était une fois en Anatolie.

    Cette référence au cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan est facile, mais reflète l’impression que donnent, toutes proportions gardées, les premières scènes du film d’Arnaud Khayadjanian. Filmé en plans très larges, comme dans les films du réalisateur d’Istanbul, les Chemins arides s’attarde en effet assez joliment sur les pans de nature de cette Anatolie de ses ancêtres, cette terre où, comme dit une des personnes turques interviewées dans le documentaire, « nous (les turcs, NDLR) vivons à la place des Arméniens ». Une parole forte prononcée d’une voix douce…

    Arnaud Khayadjanian, jeune cinéaste de 28 ans, retourne sur le pas de ses ancêtres pour essayer de comprendre l’indicible, le massacre de toute la famille de ses arrière-grands-parents dans le cadre de ce qui est communément admis aujourd’hui comme étant le 1er génocide du XXe siècle, le génocide des Arméniens. L’intelligence du jeune réalisateur est de traiter ce sujet par l’autre bout de la lorgnette, un côté qui est peu évoqué quand on parle de ce génocide : ce sont les Justes d’Anatolie, ces Turcs qui ont aidé des Arméniens lors de cet effroyable évènement, à l’instar du simple paysan qui a aidé son arrière-grand-père, ou de Mehmet Celal Bey, le gouverneur de Konya qui a refusé d’appliquer les ordres de déportation. Il offre aux différentes personnes qu’il rencontre une partie très louable de ce sombre pan de l’histoire, une partie qui rend les turcs fiers, et qu’il illustre avec un tableau amené de Paris, le majestueux Bon Samaritain d’Aimé Nicolas Morot, mettant en scène un homme à dos d’âne, visiblement mourant et un autre homme tout aussi fatigué en train de le soutenir à bout de bras.

    Avec cette biblique référence du bon samaritain, Arnaud Khayadjanian vient en ami au devant des Turcs, en « prochain », comme il le dit d’ailleurs dans sa note d’intention, avec peut-être aussi un naïf espoir qu’ainsi la parole se libère plus facilement, que l’indicible soit dit, que le déni du génocide s’efface de lui-même.

    Et pourtant, tout au long de son périple, un voyage à l’Est de la Turquie qui l’emmène d’Erzincan à Kemah, par là même où sont passés ses ancêtres pour finir le plus souvent jetés dans l’Euphrate plus bas, pas un regard n’accrochera le sien, pas une mémoire ne reviendra ; la population ne sait rien, car dit-elle, elle n’a rien vu, elle n’a rien vécu de tout cela. Un des hommes rencontrés exprime à voix haute son très grand embarras d’être questionné sur le « passé ». Il est sidérant de voir le contraste entre l’attente patiente du cinéaste, et l’obstination des personnes interviewées à ne rien dire ; il mesure l’énormité du tabou qui frappe ce sujet un siècle après les évènements. Même quand il rencontre Fikret Ali Ceyhan, le jeune descendant de Mehmet Celal Bey, très fier des actions de son aïeul gouverneur, très enthousiaste quant au frémissement ressenti auprès des intellectuels d’Istanbul (200 d’entre eux ont signé une pétition sur Internet pour demander pardon aux Arméniens), même à cette occasion, Arnaud Khayadjanian n’entendra jamais les mots « génocide » ni « massacres organisés ». Le jeune Fikret qui pourtant lui fait découvrir des tombes arméniennes se contentera de parler de déportation, par peur des ennuis, par peur de l’application de l’article 301 qui punit sévèrement l’usage du mot génocide, « insulte à l’identité turque ».

    La construction des Chemins arides est plutôt simple et limpide. Le film est un moyen métrage qui alterne les entretiens avec les Turcs ou avec des membres de sa propre famille en hors-champ, et de magnifiques paysages de l’Anatolie, les montagnes rocailleux, le fleuve, une nature qui défie les éléments, qui a bravé un siècle de silence, et qui est toujours là pour témoigner de ce qui a été. La caméra s’attarde sur cette nature, comme pour laisser au cinéaste le temps d’intégrer ce qui est dit, mais surtout ce qui n’est pas dit…

    Malgré le mutisme des uns et des autres, le film nous offre de beaux moments de fraternité humaine, comme cette femme qui embrasse les photos des arrière-grands-parents du réalisateur, dans un geste de reconnaissance, de compassion, un élan d’autant plus émouvant que sa parole est réprimée. Comme dit un parent du réalisateur en guise de conclusion pleine d’espoir : « peut-être qu’un jour, nos rapports redeviendront ceux de compatriotes ».

    Les Chemins arides est un beau film documentaire très personnel, un voyage qui a pour vocation d’apporter des réponses aux questionnements du réalisateur. Pourtant, les réponses, ce n’est pas du « prochain » qu’il va les recevoir, mais de lui-même, au travers de ce chemin aride qu’il a expérimenté en Turquie, ce chemin sec et pourtant éminemment enrichissant, aussi bien pour le spectateur, que très certainement pour Arnaud Khayadjanian lui-même.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 21 septembre 2015
    Pour moi c'est un film avec deux dimensions, une dimensions a la fois historique qui traite du génocide arméniens dont personne ne souhaite reelement parler sur place, les blancs et les non-dits en disent long... Et il y a aussi la dimension personnel, qui touche de façon direct la vie du réalisateur que l'on peux découvrir a travers sa " traversée ", des paysages magnifiques, toute une nation encore tenu par cette peur de parler, un film touchant, émouvant.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 9 août 2018
    Super documentaire faisant partager une belle aventure .
    Entre histoires du passé et contrainte du présent, ce documentaire met en lumière ceux qui jouèrent un rôle héroïque pendant la vague de massacres d’arméniens en Turquie, en 1915.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 18 septembre 2015
    S'il y a bien un adjectif qui ne correspond pas à ce film c'est "aride".
    On nous présente ce documentaire comme un film évoquant le génocide arménien. En réalité c'est davantage un documentaire sur la quête d'identité, la multi-culturalité et le besoin de connaître ses origines pour avancer. Et ce chemin-là est aride en effet. Comment se construire sans savoir véritablement d'où l'on vient ? Le voyage qu'entreprend Arnaud semble être une sorte de thérapie, c'est le premier de sa famille à fouler le même chemin que celui de son arrière-grand-père, cent ans après. Les paysages sont époustouflants, j'ai parfois retenu mon souffle durant certaines de ces séquences comme si le moindre bruit pouvait troubler un tel spectacle. On se surprend à marcher à côté d'Arnaud, on traverse toutes sortes d'émotions : le rire (après certaines réflexions de villageois), la gêne (lorsque l'on sent que le sujet génocide ne doit pas être abordé) et de l'émotion pure lorsque certaines de ses personnes se prennent d'affection pour son histoire alors qu'ils n'en connaissent quasiment rien.
    C'est la simplicité qui est le maître mot de ce film. Ici on ne cherche pas à provoquer l'émotion, on ne cherche pas à enquêter sur le génocide arménien à proprement parler, il n'y a ni méchant ni gentil, il y a juste un jeune homme en quête des origines de son nom (nom qui n'est même pas vraiment le sien d'ailleurs…).
    Khayadjanian signifie fils de la vie et de l'esprit si l'on se réfère aux origines multiples du jeune réalisateur et cela le résume parfaitement. Même s'il ne connaîtra probablement jamais la véritable histoire de ses ancêtres, son héritage est riche et il transmet absolument tout ce qu'on lui a légué à travers ses films.
    Bravo.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 17 septembre 2015
    Un documentaire touchant et très beau. Le sujet est dur mais le réalisateur le traite d'une manière douce et poétique. Un beau voyage, avec des images magnifiques !!! Un plaisir pour les yeux et le cœur !!
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 21 septembre 2015
    La page Facebook dédiée au film demandait de donner une note et un avis. C'est ce que j'ai fait et cela a été illico presto supprimé de la page... Dommage. Donc j'écris ici. Film "aride", sans émotion, prétentieux... "Un hipster en Anatolie" ! Plein d'incohérences historiques... On entend parler des Arméniens mais on ne les voit jamais (quel dommage de ne pas avoir à l'écran l'oncle et la tante du "réalisateur"), à la place on voit un mec en chapka, en canotier... se promener avec un tableau. Et la musique grandiloquente ne fait que renforcer ce ridicule... Je vous conseille de voir "Le Printemps des arméniens" qui lui est un vrai documentaire. Riche, documenté et émouvant. Il s'y passe des choses...
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 11 août 2015
    Les Chemins Arides, ce n'est pas qu'une marche à travers les paysages du génocide arménien, c'est surtout la recherche et la découverte de souvenirs familiaux, aussi puissants historiquement que sentimentalement parlant.
    Arnaud Khayadjanian possède cette qualité de donner vie à des paysages délimités par un horizon infini mais néanmoins très significatif du passé et de l'esprit d'une citoyenneté bafouée et traumatisée par les lois turques de 1915.
    Essayer de comprendre l'histoire, c'est se heurter à la sensibilité des êtres, à la sensibilité d'une génération marquée par cette déportation - pour ne pas dire génocide - et se plier aux lois turques.
    Arnaud Khayadjanian réussit le pari osé de faire du personnel un élément qui parle à tous - ou qui devrait parler à tous.
    Le désir de ne pas couper les silences et regards de caméra donne un sens tout particulier à l'idée véhiculée par le réalisateur : Celle d'une population reculée qui nous émerge dans un émerveillement cinématographique d'un d'un pays loin des merveilles.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 15 août 2015
    Un film tout en nuance et pudeur, et quelles émotions, à voir et revoir, quel talent ce jeune homme.
    Les chemins arides.
    Les meilleurs films de tous les temps
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