Il y a 4 ans, Rachid Djaïdani nous avait offert "Rengaine", un premier long métrage "coup de poing" qui, sur un thème à la "Roméo et Juliette", s'intéressait à une des formes du racisme, celle qu'on peut rencontrer entre français d'origine maghrébine et français de peau noire. Dans "Tour de France", c'est un racisme beaucoup classique qui est le sujet de son deuxième film, celui, malheureusement trop fréquent, des français qu'on dit être de souche (quand bien même leurs grand-parents étaient espagnols ou polonais !) envers les arabes (qui, assez souvent, sont en fait berbères !) et qu'on retrouve aussi, parfois, dans l'autre sens. Partant du principe assez évident que c'est le manque de connaissance de l'autre qui génère ces racismes, Rachid Djaïdani s'est arrangé pour faire faire un tour de France des ports de l'hexagone à un couple improbable, celui que forment Michel, un vieux con réactionnaire et raciste dont le fils s'est converti à l'islam, et Far'hook, un jeune rappeur arabe qui n'a pas sa langue dans sa poche. Aux préjugés de l'un et de l'autre, énoncés dans la première partie du film, succède logiquement un espoir, celui qui consiste pour eux à constater qu'ils vivent dans le même pays et qu'il n'est pas si difficile que ça de vivre en bonne intelligence cette cohabitation. Même si le scénario est un peu cousu de fils blancs, la réalisation de Rachid Djaïdani évite, de justesse, un glissement du film vers un torrent de bons sentiments. Cela est dû, également, à l'interprétation très juste des deux comédiens, avec, en particulier, un Gérard Depardieu bien tenu par le réalisateur et dont le jeu s'avère ici très sobre. On peut toutefois se montrer un peu déçu lorsqu'on compare "Tour de France" à "Rengaine", plus percutant et plus drôle, avec l'avantage supplémentaire d'être de toute évidence un conte, ce qui retirait au scénario l'obligation d'être un tant soit peu crédible.