Seul film de l'Histoire à être classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, Metropolis est un film d'anticipation allemand signé Fritz Lang et sorti en 1927 dans les salles. Muet et en noir et blanc, Metropolis est considéré culte en tant que l'un des tous premiers films de science-fiction et également parce qu'il a inspiré visuellement un certain nombre d'autres oeuvres cinématographiques telles que Blade Runner, Star Wars, Frankenstein, 2046 ou encore Le Cinquième Elément. Personnellement, même si bien sûr j'ai trouvé le film excellent, j'ai été un peu déçu par l'évolution du scénario et la moralité un peu étrange du film, mais je vais en parler plus loin. En tout cas l'histoire du film lui-même est passionnante et ferait presque passer le 7e art pour de l'archéologie (ça me fascine totalement) ! J'ai un peu honte de le dire, mais Metropolis est mon premier film muet. Pour moi, ça a vraiment été une expérience totalement différente de d'habitude. Je découvre le cinéma muet et j'ai trouvé ça tout simplement fabuleux. Je m'y suis fait assez vite même si c'est vrai que ça fait très bizarre. Ce qu'il y a de remarquable avec le cinéma muet (en tout cas avec ce film), c'est qu'il est extrêmement implicite, en faisant marcher notre imagination et en nous montrant seulement ce qu'il est nécessaire de raconter. Je trouve ça prodigieux. L'idée est intéressante et fait un peu penser à Le Meilleur des mondes de Aldous Huxley. L'intrigue est passionnante, le film s'ouvre sur des scènes absolument sublimes avec ces ouvriers, penauds et complètement soumis qui avancent à la chaîne vers un travail mortellement épuisant. Tout le film est alors basé sur la réflexion suivante : "entre le cerveau et la main, le médiateur doit être le coeur". Et c'est là que le bât blesse, à mon goût, au niveau du scénario et de la morale du film. Avec un tel pitch de départ, on pourrait croire que les ouvriers vont enfin se révolter pour être libres et rétablir l'égalité, mais pas du tout. A partir du milieu du film, le film s'embrouille (pas complètement non plus). Le chef de la ville, sentant monter une révolte dans les catacombes, ordonne à un scientifique de créer un androïde ressemblant traits pour traits à cette fameuse Maria qui fait capoter toute sa dictature, afin de pousser le peuple à commettre des actes punissables de mort. Pour moi, à partir de ce moment, les idées développées (que Fritz Lang ne partageait pas, pourtant !) sont relativement accusables. L'idée générale tourne à la collaboration des classes plutôt qu'à la lutte des classes et finalement, la morale qui ressort du film est que les Ouvriers (vus ici comme des gros moutons) doivent rester gentiment à leur place, que les Patrons aussi, et que la paix entre les deux castes sociales doit être conservée par l'intermédiaire d'un médiateur. En gros, les Ouvriers représentent la "Main" (ils travaillent et ne réfléchissent pas), et les dirigeants le "Cerveau" (ils sont intelligents et ne foutent rien). De ce que j'ai compris, le film traduit l'idée que si chacun est "à sa place" (comme le dit Joh Fredersen), tout va bien. Le principe est assez moyen et ce sentiment étrange qui émane du film est constamment provoqué par cette dualité, ce thème du "double", très présent dans le film. A la Maria gentille et douce, telle un ange, qui prône la paix entre les deux classes, est opposée la méchante Maria qui veut à tout prix semer la révolte. Ce clone a été créé par le très méchant scientifique et se trouve être l'incarnation du Diable, avec tous les pêchés capitaux qui vont avec. Le parti pris par le film est franchement bof et je trouve la moralité finale plus que douteuse. Assimiler l'androïde Maria à Satan, je n'ai pas du tout approuvé. Après, on peut toujours imaginer que Fritz Lang a ici dénoncé ce système, mais je ne crois pas, puisqu'il a admit ne pas aimer la fin de Metropolis. Quoiqu'il en soit, j'en ai terminé pour tout ce que je "blâme" dans ce film. Parce que pour tout le reste, il faut bien l'admettre, c'est irréprochable, notamment au niveau de l'image et de la beauté visuelle. Pour l'époque, je trouve que Metropolis est très surprenant, très beau, avec des tonnes d'effets novateurs et avancés en terme de science-fiction (la métamorphose androïde/Maria par exemple). On a quelques petites merveilles de réalisation, de cadrage et de montage (pour l'époque, bien sûr), avec plusieurs plans superbes (plan à la première personne lorsqu'on voit la main de Freder avancer pour attraper un tissu au sol), notamment cette "mosaïque d'yeux". C'est très beau et on peut même parler des effets spéciaux assez réalistes comme l'inondation des souterrains, ou la ville futuriste avec des véhicules volants (qui fait penser vite fait à Le Cinquième Elément). Et puis bien sûr cette ambiance, avec la musique omniprésente, une ambiance de taré il faut le dire. Bref, une vraie expérience qui vous plonge pendant deux heures dans quelque chose qu'on ne reverra plus. Une oeuvre d'art.