J'aime James Bond, c'est de famille. Sauf qu'il arrive des moments où, la mort dans l'âme, je ne peux accepter l'inacceptable; quand on se fout de ma gueule, je suis obligé de réagir et de répondre avec la provocation par une attaque sinon frontale, de type directe et froudroyante. C'est donc ce que je m'apprête à faire avec cet "Octopussy", volet d'une étrange flemmardise. Bond commence à tristement se reposer sur ses lauriers. Les producteurs, scénaristes, réalisateur et autres artistes en charge du projet commencent à penser que c'est du tout cuit, que même s'ils font n'importe quoi, il y aura toujours deux ou trois pauvres clampins pour venir voir leur daube. Bien sûr, c'est exactement ce qui s'est passé dans le cas présent, avec cette bonne série b des années 80, et qui tâche comme aucune autre avant elle. Concrètement, "Octopussy" est un joyeux bordel, une porcherie résultant de la fornication d'idées pourraves et du manque de talent de ceux qui en furent à l'origine. En soit, c'est une sacrée abomination, dans le paysage habituel des productions de bonne facture portant sur l'agent le plus classe ( et mysogyne ) du monde ( et de l'histoire de l'humanité; autant te dire que l'homme de cro-magnon manquait d'un grand Bond en avant dans la séduction, avant James ). Scénaristiquement parlant, c'est une abomination; v'là qu'on reprend tous les ingredients habituels des films d'espionnage "bondiens" de l'époque, les caricaturisant constamment, avec toujours cette idée en tête très 80's du "bigger than life". En soit, il est véritablement dérangeant de voir Roger Moore, et donc son personnage fétiche, se compromettre dans pareille mission, se frottant bien trop souvent à la carte du ridicule, sombrant rapidement dans l'oubli total, un oubli abyssal pour une oeuvre daubesque. Les dialogues, lourdingues comme pas deux, lassent dès le départ; leur manque de finesse constante est, disons le, navrante. Vraiment, je pensais quand même que les films de Roger Moore valaient mieux que cela; entre "Live and Let Die" et le psychédélique/star warsien "Moonraker", j'aime pas vraiment la période Roger Moore. Mise à part "Dangeureusement vôtre" et "L'homme au pistolet d'or", je vois pas trop, pour l'instant, lequel de ses volets pourrait être mémorable. Quand tu le compares à Sean, tu te dis clairement que le mec fait que des Connery, dans la peau de "celui qui sait pas dire son nom à l'endroit". Ouais, je sais, c'était prévisible et convenu, mais qu'est-ce qui n'est pas prévisible et convenu, en ce bas monde? Constat pûrement personnel : je le trouve qui manque de classe, presque vulgaire, et cherchant constamment à faire se marrer la galerie. C'est cool de vouloir amuser son petit monde, mais pas quand tu t'appelles James Bond. Le soucis, c'est que Moore a poussé le personnage dans une caricature abject du personnage, dans une parodie ridicule de ce qui faisait son charme et son charisme; l'on se retrouvera ainsi avec un Bond qui, coincé dans un cirque et déguisé, jouera littéralement au clown pour amuser le spectateur, ce dernier étant, à n'en pas douter, un pauvre abruti congénital que l'humour lourdeau amuse plus que tout. Cette vision du spectateur m'a dérangé tout du long, tout autant que les incessantes vannes de cul, et les traits d'humour risibles qui, se croyant si intelligents qu'ils en détiendraient la justesse d'un propos divin, se permettent, dans leur suprême finesse de répliques Audiardienne, de balancer, ici et là, nombre de critiques sur le genre féminin, se montrant encore plus mysogynes que n'importe lequel des machos italiens.D'une affolante mollesse, d'une incroyable paresse rédactionnelle, porté par des acteurs qui n'y croient pas ( j'ai mal devant l'interprétation décevante de Louis Jourdan qui, dans sa toute superbe de gentleman marseillais ( rpz ), tente, de par sa classe et son charisme, d'élever le niveau du film ), "Octopussy" déçoit sans peine. Le tout est donc que le film se fout royalement de la gueule de son spectateur, comme s'il était au service de la majesté dans un seul but : la mettre à son public, qu'il soit jeune, vieux, qu'il soit occasionnel ou le plus grand des aficionados.