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traversay1
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3,0
Publiée le 12 janvier 2017
Le jeune cinéma israélien fleurit sur les écrans français depuis un peu plus d'un mois : après Tikkoun et Une semaine et un jour, et avant Tempête de sable, voici le tour de Mountain, le premier film de Yaelle Kayam. Le film aurait pu d'ailleurs s'appeler Graveyard tellement l'action y est resserrée dans le très ancien cimetière du Mont des Oliviers et dans la maison qui le jouxte, habitée par le personnage principal du film, épouse pieuse et mère de 4 enfants qui, par frustration, épie la vie nocturne dudit cimetière. Rien n'est dit sur les sentiments qu'éprouve cette femme, délaissée par son mari, le film le suggère de façon subtile, ce qui est sa force et sa faiblesse tant la manière, très contemplative, nourrit un scénario qui est assez peu développé. Le film est malgré tout plaisant à suivre par la qualité de sa mise en scène, très lumineuse, certaines scènes à l'intérieur de la maison ressemblant à des tableaux de maîtres. Sensation renforcée par le profil de l'héroïne dont le physique ressemble à certains modèles de Vermeer. C'est tout le talent de la réalisatrice que de réussir à la rendre belle et touchante, malgré un physique "imposant", et celui de son interprète, Shani Klein, pour faire passer une multitude de sentiments dans un visage d'une grande douceur.
Avec ses formes généreuses, son regard dans lequel la soumission le dispute au désir, l'actrice Shani Klein illumine ce film tout en langueur et en sensualité douloureusement contenue. Le personnage qu'elle incarne, Tsvia, habite une maison située en bordure du cimetière du Mont des Oliviers. Lorsque cette épouse juive orthodoxe à la vie rangée découvre que, la nuit, des scènes de débauche ont lieu entre les tombes, les digues qui contenaient à grand peine ses désirs se fissurent. L'issue sera tragique. Un très beau film, comme les Israéliens en ont le secret, sur la loi et la transgression, la soumission et la révolte. A voir absolument. Les scènes dans lesquelles Tsvia erre, la nuit, entre les tombes sont magnifiques...
Née en 1979 à Tel Aviv, Yaelle Kayam a commencé par étudier l’anthropologie avant de bifurquer vers des études de cinéma entamées à Melbourne en 2004 et poursuivies en 2006 à Jérusalem. Son film de fin d’études, le court-métrage "Diploma", a été sélectionné dans plus de 70 festivals et a obtenu une quinzaine de récompenses. "Mountain" est son premier long métrage et il a été primé aux festivals de Fribourg et de San Francisco. Pas follement gaie la vie de Tzvia, avec ce mari qui la délaisse et le voisinage immédiat de sa demeure avec un vaste cimetière. Il n’empêche : ce premier long métrage de la réalisatrice israélienne Yaelle Kayam ne manque pas d’intéresser le spectateur au sort de cette femme en pleine confusion, grâce à une mise en scène tout en subtilité, un montage rigoureux et au jeu tout à la fois sobre et intense de Shani Klein.