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Xavier B.
17 abonnés
281 critiques
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4,0
Publiée le 26 juin 2021
Un film noir en couleur qui nous plonge dans une poche de misère urbaine algérienne.
Adlame Djemi, qui joue Omar -et monopolise 80 % des images- est très convaincant, en "cas social" désespérant ; la tension du récit est efficace. La lumière, très méditerranéenne, est belle, en contre-pied avec l'atmosphère du bidon-ville d'Omar, le relatif délabrement de la ville, mais surtout avec la noirceur des situations.
Autre contre-pied saisissant, les appels à la prière qui retentissent régulièrement alors que les protagonistes sont bien loin de préoccupations religieusesspoiler: , ou le prêche qu'écoute la mère à la radio alors qu'on comprend qu'elle est complice de la prostitution de sa fille . Dans la version sous-titrée en français, la traduction des textes religieux est d'autant plus saisissant.
(...) Allouache retrouve ici la précision de mise en scène du Repenti : mise en place d'une géographie où quelques endroits résument la ville, centrage sur un personnage souvent suivi sur les talons et filmé de près, et dont il adopte donc le point de vue en caméra subjective, imprévisibilité systématique de l'action qui laisse planer le mystère et nourrit la tension. C'est là où il excelle. Madame Courage est tourné au scalpel, passionnant de bout en bout, ménageant les surprises avec un plaisir consommé et atteignant par moment des sommets en amenant le spectateur à sympathiser avec cet anti-héros capable d'une poésie désespérée.
Car les derniers films de Merzak Allouache, réalisés avec brio mais à l'arrache avec des budgets minimalistes, reviennent tous au même regard désabusé sur le blocage de la société algérienne. Cette amertume dresse un constat mais ne permet pas à cette jeunesse de se forger un espoir, un courage, dans ce pays où pourtant nombre de gens luttent et tentent d'exister, y compris artistiquement. Avec un tel programme, les jeunes Algériens n'ont pas fini de tenter l'aventure de l'ailleurs.