Laurie Anderson, réalisatrice de Heart of a dog, est l’une des plus renommées et audacieuses pionnières créatrices des Etats-Unis. Elle est connue surtout pour ses présentations multimédia et son utilisation innovante de la technologie. En tant qu’écrivaine, réalisatrice, artiste visuelle et chanteuse, elle a créé des oeuvres avant-gardistes qui s’étendent sur les univers de l’art, du théâtre et de la musique expérimentale. Sa carrière discographique, lancée par « O Superman » en 1981, inclut la bande originale de son long-métrage Home of the Brave et « Life on a String » (2001). Les spectacles d’Anderson vont de simples paroles prononcées à des performances multimédia élaborées telles que « Songs and Stories for Moby Dick » (1999). Anderson a publié sept livres et ses oeuvres visuelles ont été présentées dans de nombreux musées importants dans le monde.
Heart of a Dog a été commandé au départ par la chaîne de télévision Arte comme faisant partie d’une série dans laquelle des artistes parlent du sens de la vie et de leur travail. Le commissionnaire Luciano Rigolini a suggéré à la réalisatrice Laurie Anderson, qui était à Paris à ce moment-là : « pourquoi pas des histoires sur votre chien ? ça, ce serait de la philosophie ». La version du film est la version originale commissionnée par Arte, mais légèrement plus longue. Sur une carrière éclectique étalée sur des décennies, incluant la musique, le théâtre, le dessin, l’électronique, la performance et plus encore, Anderson a monté dans les dernières années des spectacles qui utilisent l’espace de manière innovante, en repoussant les limites de ce qui est typiquement inclus dans un cadre ou un écran.
Heart of a Dog éclate les conventions du documentaire et du film-essai. C’est une fusion en patchwork de tous les thèmes chers à Anderson, dont l’utilisation d’éléments multimédia, une fascination pour le langage, et une mobilisation de la technologie. Une grande partie du film a été filmée sur une variété de petites caméras digitales, dont un iPhone, des caméras drone et une GoPro. L’animation simple employée dans le premier chapitre surréaliste du film, dans lequel Laurie Anderson accouche de Lolabelle, est entièrement sa propre création.
Dans Heart of a Dog, Laurie Anderson fait des liens étonnants entre la culture de surveillance du Manhattan d’après le 11 septembre, dans lequel vit l’artiste, et l’obsession du gouvernement pour la collecte de données, recueillies dans le Cloud. "L’idée m’a assez fascinée pour que je me demande pourquoi nous enregistrons tant de choses. Je voulais lier l’idée de ciel avec la peur, mais aussi de liberté."
L’avant-dernière histoire dans Heart of a Dog est aussi la pièce centrale envoûtante du film. Dans un virtuose tissage de son et d’image, Laurie Anderson se remémore une épreuve déchirante de son enfance, dans un hôpital de l’Illinois après un accident de piscine dans lequel elle s’est brisé le dos et a été enfermée dans un service d’hôpital pour enfants pour plusieurs semaines. "Il s’agit de raconter une histoire et prendre conscience de comment la répétition finit par user le sens. Et à quel point il est facile d’oublier."
Dans Heart of a dog, Laurie Anderson rend hommage au rocker Lou Reed, son mari disparu en 2013. Mariée avec le musicien américain pendant 21 ans, Laurie Anderson avait raconté à la presse le jour du décès de Lou Reed : "Je n’avais jamais vu une expression si belle. Ses mains étaient jointes, formant le 21 dans l’art du Tai Chi, soit l’eau qui coule. Ses yeux étaient bien ouverts. Je tenais dans mes bras la personne que j’aimais le plus au monde et j’ai pu lui parler jusqu’à ce qu’il meure. Puis son coeur a cessé de battre."