Manille, au cœur des Philippines. Une caméra distante, objective, qui regarde des mondes se croiser, s'ignorer, ceux de la mendicité, des affaires, du tourisme, et les autres. Blanka fait partie de ces milliers de vie enfantines, totalement décomposées, livrées à elles-mêmes, ces enfants de la rue comme on dit, qui vivent, disons survivent de menus larcins, sans éducation, et dorment dans des taudis fabriqués de bric et de broc. Ce dont elles rêvent, elle, c'est de s'acheter une maman, et pour maman, elle fait la rencontre d'un autre mendiant, aveugle, et musicien. "Blanka" est un film rare parce qu'il montre des univers normalement exclus du regard cinématographique. C'est aussi le défaut principal. Un tel sujet flirte avec le risque de démagogie. Néanmoins, le réalisateur échappe à toute forme de misérabilisme. On ne peut pas s'empêcher de ressentir le non-professionnalisme des acteurs, le manque de moyens, une mise en scène un peu carrée, parfois trop évidente, pour autant, on rentre dans ce récit avec curiosité et empathie pour ces petites bouts de vie dont on ne peut s'empêcher de regretter le gâchis affectif. Quelque part, "Blanka" est un film sur l'adoption traitée cette fois du côté des enfants potentiellement adoptables. Il parle beaucoup d'argent, peut-être trop, mais heureusement il parle aussi d'amour. La grande douceur qui se dégage de cette œuvre charmante promet ainsi au spectateur un petit moment de joie, au milieu de la grisaille philippine.