Un Lion d'Or à Venise ne peut pas se rater. D'autant quand le film se passe à Caracas, et traite d'un sujet périlleux et subtil. On imagine avec le titre le récit sensuel entre un homme, Armando, bien engagé dans la cinquantaine, bourgeois et aisé, avec un tout jeune-homme, Elder, délinquant et mal élevé. En réalité, comme dans le très brillant film de Robin Campillo, "Eastern Boys", le récit d'amour dérive plus vers un récit initiatique où il est question de paternité et d'éducation, dans un contexte social et politique tendu. Le défaut du film se situe dans sa mise en scène. Glaciale, elle ne choisit jamais entre le développement d'une sensualité entre les deux protagonistes, ou la construction d'une forme de filiation. L'ambiguïté fait alors craindre une sorte de dérive incestueuse, qui en l'occurrence n'est ni choquante, ni réjouissante. Le film est passé à côté de sa photographie, offrant des décors ternes, des appartements austères, malgré la beauté intérieure et extérieure de ses personnages. Le récit devient ainsi vite ennuyeux et froid. Le spectateur reste en dehors de cette relation, dont on ne comprend pas comment un jeune-homme hétérosexuel, cabossé et révolté, sans limite, se transforme en l'amant de cet homme, triste et sévère. Il faut tout de même aller au bout du film pour y trouver une fin réjouissante, certes attendue, mais qui donne à l'œuvre un relent d'intelligence. "Les Amants de Caracas" est loin du chef d'œuvre espéré, qui conforte que la cuvée 2015 à Venise était bien pauvre.