Montanha, qui est le premier long métrage réalisé par João Salaviza, constitue une sorte de tournant dans la vie du cinéaste. Ce dernier explique en effet que ce film marque la fin de son adolescence de cinéma, parallèlement à la fin de la véritable enfance de David, le protagoniste de Montanha.
Montanha parle de la fatigue d'un personnage prisonnier d'une société amorphe qui n'offre aucune solution. Pour João Salaviza, le film a même une dimension historique, car il montre une génération qui grandit à l’écart de la réalité et ce même si la technologie donne l’illusion d’être connecté en permanence. Il développe : "Les adolescents d’aujourd’hui sont complètement seuls, et personne n’a conscience des épreuves qu’ils traversent. L’adolescence est un temps où l’on s’épanouit en luttant contre des ennemis, qui sont bien souvent intérieurs ou spirituels."
Pour João Salaviza, son film parle d’un un « perdant magnifique » comme l’était James Dean dans La Fureur de vivre, c'est-à-dire un jeune homme qui ne cesse de perdre pendant tout le film (sa petite amie, sa relation avec sa mère, son meilleur ami, son grand-père, et son année scolaire) : "Montanha est en quelque sorte une pyramide inversée. Chaque nouvelle scène vole quelque chose à David. Il devient de plus en plus démuni, mis à nu, avec de moins en moins de choses auxquelles se raccrocher", explique le réalisateur.
Entre le premier et le dernier jour du tournage, avec une longue pause au milieu, six mois se sont écoulés. Les dernières scènes du film ont été tournées à la fin de cette période et le jeune comédien David Mourato avait donc changé physiquement, ce qui se ressent dans le film. Une volonté de la part du cinéaste qui voulait filmer un corps en mutation.
Pour João Salaviza, il y a quelque chose de typique de Lisbonne dans le personnage de David et qui s’inspire de son histoire personnelle. Le metteur en scène raconte en effet avoir grandi entre l’âge de dix et seize ans dans un immeuble qui était une résidence pour soldats en retraite dans la capitale portugaise. Il se rappelle :
"J’étais le seul enfant, puis le seul adolescent, et je me sentais profondément seul, sans personne à qui parler. Dans Montanha, David passe son temps à errer dans des espaces déserts. Où sont passés les jeunes ? On dirait qu’ils se sont enfuis... J’ai fait ce film en m’accrochant à mes souvenirs d’adolescence ; j’ai essayé d’en faire un mélange entre les expériences vécues par les jeunes que je filmais et mes propres souvenirs."