Ce film est un petit bijou d'humour, arrivant à faire côtoyer de façon incroyable, équilibrée et complémentaire le drame, la satire, la farce, le cynisme, la stratégie froide calculatrice, les trahisons, haines et rancoeurs, le tout en alternant à la fois un ton humour british et aussi par moments des scènes truculentes dignes de la comedia del arte. La performance est poussée jusqu'à respecter presque scrupuleusement un des épisodes majeurs de l'histoire contemporaine avec le moment de la mort de Staline et dans un temps très court les manigances, tractations, affrontements fratricides politiques à fleuret moucheté mais aussi plus violents entre membres influents du comité central soviétique pour récupérer le pouvoir. Tout se passe entre le moment d'un repas banquet dans la villa de Staline repas assez habituel et arrosé où le tyran suprême entouré de sa garde rapprochée politique decide du sort des futurs exilés ou assassinés par la validation des fameuses listes, la nuit qui suit avec l'accident vasculaire cérébral inattendu du guide suprême et la course contre la montre des cadres du comité central, tels des vautours alors que Staline n'est même pas encore officiellement mort, pour manigancer, faire et défaire des alliances, user de moults stratégies, se trahir, se détester fraternellement et jusqu'à la fin de la période de deuil de 3 jours et ses funérailles, faire et défaire, se reconnaître au nom de Staline et de sa conception du pouvoir tout en le reniant sans arrêt. Le tour de force du film est de mettre en scène les vrais personnages historiques qui ont joué ce rôle majeur, quasiment dans le déroulé exact et en tous les cas en respectant chaque caractère, personnalité, chacun étant plus affreux et horrible que l'autre avec une prime néanmoins de l'horreur au fameux bourreau Beriya chef de la police secrète et acteur des plus basses besognes en passant par le meurtre, le viol, la torture, le tout à sa guise. Un film avec peu d'action, peu de lieux, presque en huit clos pour une grande partie mais qui se suit comme un thriller, avec un humour noir cynique d'une subtilité et précision absolue pour de plus dépeindre parfaitement un morceau d'histoire oh combien important. Un film passionnant qui ne vous lâche pas, un film d'hommes,d'acteurs où seule la présence de la sublime Olga Kurylenko apporte une légère touche de charme mais pas de douceur compte tenu de son implication. Personne à sauver vraiment de la noirceur ce qui rend le film et la performance encore plus spectaculaire, l'empathie étant totalement absente, aucun des personnages ne la méritant. Un petit bijou d'humour subtil, stratégique, cynique, doublé d'un vrai film historique qui ne trahit en rien l'Histoire avec un grand H. A noter que ce film est l'adaptation d'une BD française scénarisée par Fabien Nury.