Film européen adapté d’une BD française, “The Death of Stalin” évoque les jours qui ont suivi la mort du célèbre dictateur. Ou comment ses sbires se sont battus entre eux pour récupérer le pouvoir, au sein d’un régime violent. Loin d’un thriller ou d’un drame sombre, le film de Armando Iannucci est une farce politique, au ton similaire à « In the Loop », le précédent film du réalisateur. On retrouve l’approche pseudo documentaire (caméra à l’épaule, personnages suivis dans leur quotidien), malgré de nombreuses erreurs historiques, toutefois assumées, cette comédie ne se prétendant pas comme un reflet exact de la réalité. Ceci combiné à plusieurs bons mots, des acteurs en forme (Steve Buscemi, ou l’ancien Monty Python Michael Palin !), et des situations absurdes à l’anglaise, qui moquent allègrement le régime soviétique. Cependant, la sauce ne prend pas totalement. La faute, d’une part, à un scénario étrange, qui sous-emploie étonnement certains personnages. Par exemple ceux incarnés par Olga Kurylenko ou Paddy Considine, dont on a du mal à comprendre l’intérêt de les introduire dans le récit, si ce n’est quelques blagues amusantes dans le premier acte. D’autre part, un manque de finesse dans la réalisation et l’écriture. Car si dans « In the Loop » il était relativement facile de faire preuve d’ironie vis-à-vis de l’absurdité des relations anglo-américaines conduisant à la guerre en Irak, la chose est beaucoup plus ardue ici. Armando Iannucci tente de dénoncer l’arbitraire, l’implacabilité, et la paranoïa de l’URSS, à travers bon nombres de séquences évoquant tranquillement les arrestations, tortures, viols, et exécutions. Mais son humour noir n’est pas assez affuté pour que ce soit toujours drôle. On ne passe toutefois pas un mauvais moment, et quelques drôleries sont vraiment réussies. Dont des références historiques aux années 40/50, qui risqueront cependant de laisser sur le carreau ceux qui connaissent mal la période. Dommage néanmoins de n’avoir pas pu tirer mieux d’un sujet aussi juteux.