Massimo, enfant unique, perd sa maman adorée brutalement (un "infarctus foudroyant" lui dit-on), alors qu'il a 9 ans, une triste nuit de fin décembre 1969. 34 ans plus tard, il est journaliste (à "La Stampa", le grand quotidien turinois) - et ne l'a toujours pas "laissée partir"... Surtout quand il doit vider l'appartement familial, au décès de son père, pour le vendre. Le (de plus en plus : il vient d'avoir 77 ans) vétéran Bellochio renouvelle pour moi l'enchantement de "La Belle Endormie" (2012), son antépénultième film. Cette fois-ci, c'est "Fais de beaux rêves" dont il s'agit, une sorte de "Film de ma Mère" (au sens du grand cri littéraire d'amour filial d'Albert Cohen...), adaptant l'autobiographie de Massimo Gramellini. Mais une mère perdue à un âge très tendre, avec blessure morale inguérissable. Un récit sur 3 temps : l'enfance, l'adolescence et la maturité, avec passages (nombreux et fluides) d'une période à l'autre. Montrant (et démontrant) sans faille comment un être sensible peut (quand même) se construire, après un tel traumatisme. Magnifiquement filmé, monté, joué (Massimo aux 3 âges est incarné avec une vérité de chaque image, aussi bien par Valerio Mastendrea, que par les deux interprètes de ses jeunes années - mais le reste de la distribution est pareillement excellent, les deux actrices hexagonales, coproduction italo-française oblige, Emmanuelle Devos et Bérénice Bejo, comprises). Intelligence, beauté et émotion combinées : un vrai régal. Mon 2e "5 étoiles" pour 2016 (après "Frantz").