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tuco-ramirez
134 abonnés
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4,0
Publiée le 16 février 2017
1969, Turin ; Massimo a 9 ans et Marco Bellocchio nous montre la relation tendre et complice avec sa mère. Dans les premières scènes, on les voit danser ou plutôt la mère entrainer son fils dans cette danse endiablée. Ensuite chaque scène nous montre un profond attachement entre eux. Le père hors champ est quasi inexistant. Puis, la nostalgie et la tristesse s’empare de toutes les scènes de la journée précédent la mort de la mère de Massimo. Réveillé en fracas en pleine nuit par la police entrant dans leur appartement, sa mère est morte. Il devra attendre plus de 30 ans pour en apprendre les circonstances et faire son deuil. Il a alors plus de 40 ans et une danse tout aussi endiablée avec son amoureuse vient clore pour lui de longues années de torpeur, comme une délivrance. Un grand moment d’émotion. Comme Massimo, on comprend à la toute fin du film comment cette mère aimante a disparu subitement de la vie de Massimo. Bellocchio use d’allers-retours fréquents entre passé et présent via des vignettes intenses et significatives. Avec une grande fluidité narrative incomparable. Spectateur, on comprend beaucoup plus tôt que Massimo ce qui s’est passé cette nuit-là. Lui a les billes aussi, mais ne le sait pas encore. On pourrait être frustré que ce suspens soit un peu trop dévoilé pour qui sait que dans le cinéma (et encore plus chez Bellocchio) aucune scène n’est inutile. D’où mon regret de ne pas m’être souvenu plus tôt de la fin de la série française des 60’s « Belphégor ». Tout y est dit puisque cette série est celle qu’il partageait avec sa mère. Aussi comme, il est délicieux de voir le petit Massimo en appeler après « Belphégor » à chaque moment difficile de sa vie pour se sauver ; comme s’il s’agissait de son ange gardien. Une façon de prendre des distances avec la foi chrétienne omniprésente. Bellocchio, 77 ans, parvient de manière incroyable à capter la finesse et la rébellion de l’enfance. Mais le véritable sujet du film est bien ailleurs du suspens autour de la mort de cette mère aimante. Bellocchio s’intéresse surtout aux traumatismes de l’enfance et la difficile construction d’un homme et parfois à l’impossibilité d’en guérir. Et c’est pourquoi les deux scènes de danse embrassent le film avec force. Ce film est aussi une ode à l’amour maternelle. Enfant c’est une perte dont on ne se remet jamais surtout lorsqu’elle est entourée par le silence. Et là, Bellocchio prend son temps mais frappe juste tout comme ses comédiens, des plus jeunes aux plus anciens. Cependant on peut déplorer quelques facilités et longueurs surtout sur le passé journaliste de conflits de Massimo. Et aussi regretter que Bellocchio ait choisi de conserver les mêmes comédiens pour jouer des trentenaires devenus sexagénaires (le père de Massimo et la tante) et de conserver le même comédien pour le personnage de Massimo de 20 à 45 ans. Il faut alors adhérer à 100% au propos du film pour ne pas en sortir. Limpide et émouvant : à voir impérativement.
Marco Bellocchio est sans doute l'un des cinéastes italiens les plus experts dans l'art de la dénonciation. On sait avec quelle ardeur il aime à s'adonner à des jeux de massacre, la famille, le pouvoir politique et surtout la religion étant ses cibles favorites. Dans son dernier film, il raconte l'histoire d'un enfant de neuf ans, Massimo, dont la mère meurt mystérieusement. Cette mort restera longtemps un tabou familial jalousement gardé par le père. Les années passent et Massimo, devenu journaliste, demeure torturé par ce mystère. Jusqu'au jour où... Le film est d'une grande beauté et d'une force indéniable comme bien des films de Bellocchio dont il faut dire quel grand réalisateur il a été et il demeure. Certes le spectateur un tantinet perspicace aura saisi très rapidement la clé du mystère : en ce sens les 2h10 sont peut-être un peu longues au regard de l'enjeu de l'intrigue. Tout est parfaitement limpide et cohérent et les nombreux flashbacks n'ont rien de déconcertant, bien au contraire. Mais ce qui suscite un perpétuel émerveillement, c'est ce génie de la mise en scène qui caractérise Marco Bellocchio comme il a été la marque de fabrique de tant de cinéastes italiens aujourd'hui disparus. Une fois de plus, le réalisateur dénonce le poids de la famille, ses mensonges savamment entretenus, et bien sûr la religion qui se fait ici complice de la famille en ayant recours à des explications simplistes qui ne peuvent convaincre des esprits tant soit peu critiques. Bellocchio demeure donc fidèle à lui-même car des "Poings dans les poches" à "Vincere" en passant par "Le sourire de ma mère", c'est le même regard impitoyable porté sur l'Italie qui se laisse à découvrir. "Fais de beaux rêves" est en effet le portrait d'une Italie dominée par des mythes qu'elle entretient jalousement : le football, la "canzone", la religion qui parfois tourne d'elle-même à la caricature et bien sûr la toute-puissance des images cinématographiques ou télévisuelles. Quant à la distribution, elle mêle avec bonheur des vedettes du cinéma italien comme l'excellent Valerio Mastandrea ou la belle Barbara Ronchi à des stars étrangères comme Bérénice Bejo ou Emmanuelle Devos. Et une fois de plus n'oublions pas le rôle de l'enfant incarné à la perfection par le tout jeune Nicoló Cabras. Oui, Marco Bellocchio nous incite à faire de beaux rêves même si ceux-ci deviennent par moments d'horribles cauchemars.
je dois dire que je n’ai pas été vraiment touché par cette histoire, même si l’ensemble est vraiment intéressant et réussi. Question de sensibilité, peut-être juste du moment. Trop long pour une histoire simple.
Ah le cinéma italien : la maison, l’enfance, la mama, le calcio… D’après l’auto biographie d’un orphelin dont la mère disparut en pleine gloire de maman fantaisiste, aimante, et les histoires qui s’en suivirent : vie éternelle selon l’église et silences de la famille. Mais la vérité ne guérit plus quand elle est révélée trop tardivement. L’amour éperdu s’est perdu. Plus tard, la lumineuse Bérénice Béjo en médecin peut guérir facilement les problèmes cardiaques et ouvrir de douces perspectives à l’adulte devenu journaliste sportif puis reporter de guerre. Celui-ci a trouvé les mots justes pour parler des mères après une réunion de rédaction, soulevant en passant quelques questions essentielles des relations de la presse et de ses lecteurs. La forme classique convient bien à la narration des traces laissées par l’enfance quand devenu grand il entre enfin dans la danse, levant à nouveau ses timidités, vers un destin prometteur.
un film émouvant, très bien construit dont le thème principal est celui du deuil qui ne peut s'accomplir quand la mort est entourée du mensonge. C'est l'histoire Massimo dont la mère décède d'un infarctus foudroyant alors qu'il n'a que 9 ans, juste après l'avoir bordé dans son lit en lui disant "fais de beaux rêves"..30 ans après, devenu journaliste Massimo est toujours tourmenté par cet épisode... il s'en sortira progressivement grace à un médecin, à un article de journal, à une danse, et par la révélation tardive de la vérité. A voir sans doute deux fois, tant le film est truffé de détails prenant sens a posteriori, des scènes qui se font miroir à 30 ans d'intervalle ( scènes de plongeon, de danse...), sans compter en arrière plan le rôle éminent de Belphegor...
Une petite cure d’Italie ne fait jamais de mal en début d’année. Sur la fin de sa carrière, Bellochio délivre un film touchant, sur le thème de la perte prématurée de la « mama » italienne. Le père n’est pas à l’aise pour expliquer sa disparition brutale et la religion catholique n’est pas plus douée pour positiver l’inexplicable. Bien sûr, ce n’est pas un grand scoop que de répéter qu’il faut toujours dire la vérité aux enfants…au moment opportun. Avec un montage composé d’allers et retours successifs dans le temps, nombreux mais facile à suivre, Bellochio nous expose combien l’adulte devenu journaliste, grand reporter à la recherche de la vérité, s’est forgé une âme sur les débris de sa vie d’adolescent laissé à l’écart de sa vérité. Des actrices françaises éclairent ponctuellement le jeu de beaux italiens ténébreux et peu loquaces. Cette histoire turinoise décline avec justesse plein de détails marquants de la vie familiale piémontaise de la fin du XXè : les « tifosi » de football, le mobilier sombre des appartements du boom de l’après-guerre, l’irruption des nouveaux médias et de la culture rock dans une société traditionelle, le journal incontournable La Stampa, l’exubérance des femmes nouvellement libérées, le cynisme des nouveaux riches ... Quand on y a vécu, on apprécie. Une grande palette de caractères, dans un ensemble mené avec maitrise et sensibilité, forme un tableau crédible et affectueux illustrant combien sont trompeurs les rêves construits en grande partie sur des souvenirs d’une enfance fusionnelle avec une mère qui peut-être n’avait jamais réussi elle-même à grandir. ciné vo - janvier 17
L'amour inconditionnel d'un enfant pour sa maman trop tôt disparue. Cette douleur inexprimée, refoulée mais tellement présente : incompréhension, refus de vérité. L'âge et le temps n'effacent rien.. Belle interprétation, du beau et bon cinéma italien. A voir.
Seule le cinéma italien peut aborder des sujets de famille aussi ténus aussi intimes ,ultimes...et en tirer des éclatements des déstructurations personnelles sans tomber dans la guimauve ou le pathos. Filmé comme en 1970 voire 1960 ce film donne un parcours de 2h10 (trop long hélas) que l on suit avec ses propres jugements ses propres prismes... Certes il y a les "italienitudes" que les français adorent chez leurs cousins transalpins... Des approches religieuses ou pas voire obliques ...ou finalement rien n est très sérieux tout en étant toujours sensible et même douloureux. Nous avons partagé ce rêve avec des acteurs italiens parfaits. Quant aux deux stars françaises fussent elles bonnes en italien et dans leur jeu tombent comme un cheveu dans le minestrone et sont en total décalage !! cela ressemble a du foie gras sur des lasagnes !! Mais au final un film d une signature, une vraie sans lire le générique déjà vous êtes transportés... Le public aime en grande partie et je suis d'accord... Ceux qui n ont pas aimé manquent ou ont manqué peut être de rides dans leur vie.
C'est un film qui, bien que n'étant pas foncièrement mauvais, est maladroitement déconstruit et pâtit fortement de sa tendance à s'éparpiller dans des scènes totalement inutiles. Cela affaiblit le propos, fait pencher en faveur d'un vide scénaristique qui pousserait au remplissage et, lorsque survient ce qui se veut être une révélation, on se surprend à avoir tout compris depuis le début et à trouver l'ensemble d'une inutilité assez surprenante.
Magnifique épopée dramatique venue d'Italie, ce qui le rend encore plus belle, malgré sa durée et ses multiples péripéties, je n'en reviens pas d'une telle histoire, l'enfant grandi sans sa mère tragiquement disparue sans raison cherche la vérité et le découvrira par un dénouement profondément émouvant, l'interprétation des acteurs le sont aussi.
Massimo Gramellini a écrit l’histoire de sa vie, et celle de la mort de sa mère qu’il n’a jamais pu élucider. Le mystère qui l’entoure restera longtemps gravé dans sa mémoire jusqu’au jour où devenu adulte il oublie peu à peu cette disparition tragique. Mais, reporter de guerre, une image va venir raviver ses souvenirs douloureux et hanter à nouveau un passé qui redevient bien présent. Il fallait oser adapter ce gros bouquin et ses 40 ans d’histoire, ce que Bellochio réussit formidablement bien, au point de frôler ce qui risque de devenir un chef d’œuvre. Le temps doit toujours confirmer la grandeur d’une telle réalisation, qui s’accorde à des mouvements de tendresse jusqu’à les rendre parfois merveilleux dans l’accomplissement de leurs désirs. C’est poignant, saisissant, et l’écriture, d’une grande délicatesse gomme le pathétique, la surenchère ou la pitié qui pourrait surgir des incartades angoissées de Massimo interprété avec brio par Valerio Mastandrea. Pour en savoir plus
Comment se débrouiller d'une mère séductrice, séduisante, qui vient à mourir précocement lorsqu'on est un jeune garçon, à qui personne ne parle des circonstances de la mort de cette mère ? En 1920, Freud écrivait un article sur le jeu de la bobine. Il s'agissait de l'observation de l'un de ses petit-fils, qui élaborait la symbolisation de l'absence. Le jeu de cache-cache métaphorise la disparition pour en faire une absence, parce qu'un temps de réapparition survient. Nous circulons de l'enfance à l'âge adulte de Massimo, qui se remémore de façon amputée des scènes de son passé et de son enfance. L'absence de paroles a entamé sa réflexion. Massimo mène sa vie dans une sorte de fuite en avant, jusqu'à ce qu'enfin l'angoisse survienne. L'attaque de panique n'est pas médicalisée. Une invitation à recourir au miroir ou à la fenêtre est proposée. Point de prescription de neuroleptiques. Juste une incitation à affronter la vie et ne pas redouter la survenue d'angoisses, mais les apprivoiser. Les ficelles scénaristiques sont parfois assez grossières, mais l'abord du deuil, des effets des non-dits sont explorés et illustrent comment une existence est parfois orchestrée par des événements si lointains, qu'on a du mal à imaginer qu'ils puissent agir à distance de façon insue...
Marco Bellocchio a souvent fait le portrait de familles éclatées par des non-dits, vecteurs de drames intimes au long cours. Le cinéaste italien a trouvé dans Fais de beaux rêves, mon enfant, roman autobiographique du journaliste turinois Massimo Gramellini, matière à prolonger le traitement de ses thématiques favorites que sont les conflits familiaux, les rapports mère-fils, l’absence d’un être aimé et les questionnements intimes. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
Drame filial et familial. Ou La vérité sur (la mort de) ma mère. Coproduction italo-française en italien avec Emmanuelle Devos et Bérénice Béjo apparemment non doublées. Massimo avait 9 ans quand sa maman adorée est morte. 34 ans après, alors qu'il doit vider l'appartement de son enfance, il cherche à savoir comment. Belphégor n'est plus là pour le soutenir... Un peu trop long (2H10) mais émouvant (notamment la scène de la lettre), et la fin à ne pas révéler, quand il apprend enfin les circonstances de ce décès qui l'a tant marqué. 3,25
Un film simple, intelligent et tortueux. Le long-métrage de Bellochio est sans conteste dans la lignée des grands films italiens qui se questionnent sans cesse sur la vie. On s’émeut constamment de la relation entre Massimo et sa mère pour ensuite dédramatiser par le rire cette tragédie intime. Chaque moment se fait écho grâce à des souvenirs, à des gestes, et permet de comprendre ce que ressent le protagoniste. Marco Bellochio joue ici les funambules en proposant un film léger tout en restant grave.