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Cinemaniakmontreal
20 abonnés
103 critiques
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4,5
Publiée le 20 février 2016
Avec Right Now, Wrong Then, Hong Sang-Soo livre l’une de ses œuvres les plus abouties. ♥♥♥♥½
L’ensemble de l’œuvre de Hong Sang-Soo peut être vu comme une variation sur un même thème et Right Now, Wrong Then, lauréat du Léopard d’or à Locarno ,ne fait pas exception. L’art, la création, l’amitié, les relations hommes femmes et l’alcool comme lubrifiant social sont au nombre des caractéristiques clés du cinéma de Hong Sang-Soo. Le personnage principal est toujours un artiste plus ou moins connu, plus ou moins habile avec les femmes, de bonne foi, mais souvent maladroit, déplacé et imbibé d’alcool. De plus, depuis Oki’s Movie en 2010, cette variation sur un même thème revient à l’intérieur même des films de Hong Sang-Soo. Ainsi, que ce soi avec The Day he arrives ou In Another Country, Hong Sang-Soo va offrir plusieurs variations de son histoire à travers son film. Ainsi, il utilisera les différentes perceptions des personnages du film ou carrément la sienne pour offrir des variations qui illustrent les dilemmes et la possibilité du travail de création.
Dans Right Now, Wrong Then, Chun-su est un cinéaste venu présenter son nouveau film à Suwon en Corée du Sud. Arrivé une journée à l’avance, il déambulera dans la ville et fera la rencontre d’une peintre timide et attachante, Hee-Jung. Leur histoire consistera en 24 heures de déambulations, rencontres et aventures jusqu’au départ de Chun-su pour Séoul le lendemain à la suite de la projection de son film. Hong Sang-soo offrira sépare ainsi son film en 2 parties qui sont 2 variations de cette rencontre fortuite et de ce qui en découle.
La démarche qu’Hong Sang-soo poursuit de film en film se raffine ici encore plus. Si ces variations et répétitions peuvent étonner au premier abord, encore plus en raison d’éléments narratifs clairs, elles illustrent avec douceur et aplomb le processus de création, les dilemmes de l’artiste et le métier de cinéaste. Ces variations sont également symptomatiques des souvenirs vagues et brumeux d’un lendemain de veille dont sont si souvent victimes les personnages des films de Hong Sang-soo! Toutefois, le sentiment de répétition s’atténue légèrement par rapport à ses œuvres antérieurs ce qui vient consolider l’intérêt du spectateur envers le film sans pour autant diminuer la pertinence de la démarche créatrice. Ses zooms, omniprésents depuis la fin des années 2000, sont également plus raffinés et s’intègrent très naturellement à l’ensemble.
Rares sont les cinéastes qui possèdent une signature aussi nette et distincte que Hong Sang-soo. Dans les premières minutes (le premier plan dans ce cas-ci), nous reconnaissons ses thèmes et son approche. Les personnages timides et plutôt maladroits en relations sociales se délient toujours sous l’influence de l’alcool (comme beaucoup d’êtres humains en général) et les situations se terminent souvent en de façon malaisante, mais toujours hilarante! Il est frappant de voir comment Hong Sang-Soo frappe dans le mille en écrivant des personnages auxquels il est facile de s’identifier et, en riant de leurs maladresses et malchances, nous rions également de nous même. De film en film, sa démarche se raffine, se précise et en livrant ici l’une de ses plus belles offrandes, il consolide sa position comme l’un des auteurs incontournables de l’art contemporain
Si la mise en scène et les acteurs sont prodigieux, le scénario par contre me laisse quelque peu pantois... il manque quelque chose. Sentiment d'inachevé dans la construction de ce récit en double... Peut-être un sujet trop simple... Est-ce un défaut ? Il me restera malgré tout des images et une impression fortes. Le cinéaste qui se cherche dans ce film n'est-il pas un peu comme nous qui nous cherchons au long de nos expériences et de nos aventures amoureuses ?
Il y a les spectateurs qui ne pensent même pas à regarder l'heure sur leur portable durant la projection, citent, on se demande pourquoi, Rohmer, trouvant en Hong Sang-soo sa réincarnation version coréenne.... sans doute pour le côté minimaliste de la réalisation parce que côté dialogue c'est one point pour le français et côté direction d'acteurs c'est KO debout pour le coréen. Bref les inconditionnels, y vont comme à la messe, les yeux fermés ( non, quelle est la méchante langue qui a dit qu'ils dormaient ? ) et en ressortent émerveillés, les poils dressés de bonheur et les mêmes adjectifs en bouche (toujours les mêmes d'ailleurs) : merveilleux, délicat et magique. Et puis, parmi les spectateurs, il y a les autres. D'abord, ceux qui atterrissent par hasard dans la salle et qui, comme pour ce film, la quittent à la moitié du film, non pas parce qu'ils s'ennuient ( mais ça reste à vérifier) mais uniquement parce que l'apparition de ce qui ressemble à un carton de générique apparaît à l'écran, leur intimant illico de claquer le siège et enfiler leur doudoune! Les sots ! Ils ne savent pas que c'est une facétie du maître qui en fait annonce une deuxième version de l'histoire. ( ok, faut deviner ou lire le coréen, mais là faut pas demander l'impossible !) Ensuite, il y a ceux, comme moi, qui se sont préparés mentalement à cette projection, qui ont ingurgité leur TéléramaInrocksMondeetLibé, médication absolument indispensable pour profiter pleinement des sous-entendus qu'un lait/banane avalé dans le temple de la bénédiction peut engendrer comme références érotiques et comme sous texte dans un cheminement créatif hors norme. Là, ils apprécient les longues minauderies d'une jeune peintre un peu timide voire un poil niaise, les atermoiements d'un quarantenaire qui drague gentiment pour ne pas effaroucher sa proie, tout cela en longs plans fixes et avec boissons de plus en plus alcoolisées au fur et à mesure que les lieux s'enchaînent ( lentement,je vous rassure, nous sommes chez un AUTEUR). Ils s'ennuient discrètement, appréciant de temps en temps un joli plan sur la frêle nuque de la gracieuse actrice, s'agaçant de cet acteur qui remet toujours en place son improbable mèche post adolescente dès qu'il a dit une fadaise qui ne fait rire que lui, se barreraient bien après la longuette première partie bien plate. Mais, eux ils ont pris leur potion de critiques et savent que tout le sel a été mis dans la deuxième partie. Et ils ont raison au final. Les variations proposées dans cette deuxième version plus vraie, plus honnête, plus ouverte sexuelle (mais je ne dirai pas s'ils sortiront leur préservatif à la fin) est bien plus amusante, intrigante et ludique. On peut quasiment jouer au jeu des erreurs en comparant des plans quasi identiques où juste un ou deux détails ont été changés, indiquant de manière subtiles les sentiments des protagonistes. C'est plus enlevé, plus frais, plus réel, sans pour autant atteindre la verve d'un "Smoking/No smoking". Plus sur le blog
Chaque chronique d'un film de Hong Sang-soo pourrait s'écrire avec les mêmes mots tellement son cinéma ressemble à d'infinies variations sur des thèmes récurrents et provoque des sensations similaires. Comme Woody Allen ? Non, encore plus dans le malaxage d'une pâte que Hong ne cesse de travailler, celle des sentiments. Dans Un jour avec, un jour sans, il est encore et toujours question d'un réalisateur (lui-même ?) en rade, d'une rencontre fortuite, de dialogues anodins, de flirt léger et ... d'ivresse alcoolisée. Le film est scindé en deux : la même histoire mais qui bifurque à un moment, pour un simple détail. Elle est douce et suave cette sensation de voir deux fois les mêmes scènes ou presque, de pointer les différences, de s'amuser de la façon dont le metteur en scène fait vibrer les relations humaines et particulièrement amoureuses en montrant que la sincérité, fut-elle brutale, vaut mieux que la dissimulation. Petit à petit, Hong fait son nid et nous enchante par la seule musique des mots et des regards. Un jour avec, un jour sans est sans aucun doute l'une des meilleures illustrations de son savoir faire et de son humanité. 2 heures de plaisir simple comme une conversation avec un ami que l'on souhaite retrouver très vite pour reprendre le dialogue là où on l'a laissé.
"Un des grands succès du cinéaste c'est de nous montrer l'intimité d'une société plus fermé que la notre, en plus d'arriver à nous faire nous identifier avec les personnages grâce à leurs défauts, et pas grâce à leurs mérites.
Sang Soo a toujours été le triomphe de la simplicité. L'émotion sans artifices. La tendresse brute. Le deuxième morceaux marche grâce à une espèce d'effet papillon. Une subtil variation qui amène le film vers des vois bien différentes. Avec cette expérimentation, le réalisateur vainque encore une fois sachant comment nous fendre le cœur. Un homme désarmé qui se met à pleurer face à son objet de désir quand il réalise comment est-il de pathétique. Une femme qui, s'ayant laissé détruire ses défenses, voit comment son cœur s'amollit face à l'écran de cinéma"
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