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WutheringHeights
112 abonnés
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4,5
Publiée le 26 février 2016
Un documentaire bouleversant sur une relation mère-fille fusionnelle et aussi le désir de voler des instants à la mort, ne serait-ce que par la banalité du quotidien.
Dernier opus de Chantal Akerman avant qu'elle ne décide de nous quitter à 65 ans, " no home movie" est (selon moi) très clairement un titre a réserver aux aficionados du travail de la cinéaste.
Il faudra connaître plusieurs opus de la cinéaste avant de visionner avec profit ce documentaire ( comme d'autres parmi ceux qu'elle a réalisé ) qui est au fond une tranche d'auto portrait.
Les travelling au long court de paysages désertiques américains, sont sans doute en correspondance avec le climat intérieur de la cinéaste dont la bipolarité a été documentée.
De nombreuses scènes sont filmées dans l'appartement de la mère vieillissante de Chantal Akerman.
Il y a quelques ( rares ) moments d'échanges entre mère et fille. Il sera question d'un grand parent sans doute atteint d'une affection mentale, puis brièvement du passé tragique des parents de la cinéaste pendant l'occupation et avant sa naissance.
Certains plans dans un appartement sont filmés rideaux baissés, cachent du soleil ( fuit par CA) et renvoient à une lettre lue dans " news from home".
On relèvera la fin précipitée de CA, 18 mois après le décès de sa mère.
Tourné essentiellement dans l'appartement bruxellois de sa mère mais entrecoupé de longs plans-séquences de route (dans le désert israélien?) comme dans De l'autre côté, le film semble ne parler de rien, mais raconte sa mère, qui s'affaiblit jour après jour, et leur famille, toujours en longs plans-séquence souvent fixes. Et c'est dans ce rien qu'il y a tout.
Le dernier film de la cinéaste est effectivement un home movie mais aussi une installation, le cinéma est depuis longtemps le média qui transcende le mieux l'héritage de Duchamp dans sa manière de transcender le réel ordinaire en le projetant comme une oeuvre d'art. Le film se fait véritable proposition de cinéma, car c'est l'aura de la cinéaste qui donne à ce home movie une valeur artistique mais surtout c'est la connaissance qu'a le spectateur de ce qui s'est passé après ce film qui rend captivant les images de cette vieille femme arpentant les larges espaces de son appartement où l'extérieur semble comme se forcer une place. C'est le contexte morbide derrière le film qui fait vibrer la vie dans l'image plus que jamais à partir d'une simple fredonnement timide. C'est lui aussi qui donne la charge symbolique et émotionnelle des scènes, avec une sorte d'ironie dramatique comme dans la scène où la cinéaste cherche à tenir sa mère malade éveillée le plus longtemps possible. Finalement, on ne s'est jamais sentit aussi voyeur.
Le dernier film de Chantal Akerman, sort cette semaine. Film particulier forcément, puisqu'il est posthume. Elle s’est suicidée à l'âge de 65 ans, le 5 octobre dernier. Avec No Home Movie, la cinéaste belge nous livre un documentaire sur sa mère dans son appartement bruxellois. Forcément à première vue, c'est au bonheur des freudiens, un suicide, la mort, l'enfance. Même si le film n'est pas exempt de cette grille de lecture là, on oublie cette histoire morbide assez vite. Happé par la singularité de sa mère. Le film s'attaque à un sujet peu traité au cinéma et oublié dans nos sociétés en général, le troisième âge.Âge où tout se réduit, la taille, la pigmentation des yeux, la respiration et l'espace de vie. Et c'est bien ça qu'elle filme, cet appartement. Celui-là même qu'elle ne quitte plus, que sa fille l'incite à délaisser un peu, pour faire une balade. C'est comme le plus petit atome de l'espace de vie. Il y a une certaine finitude du monde à la voir lire un magazine sur son fauteuil.
"Habité par la forme" Chantal Akerman a toujours été une cinéaste qui a réinventé le cinéma. Elle ne se contente pas de porter un regard attendrissant sur sa mère...