Une fable documentaire racontée par un bufflon qui traverse l'Italie guidé par Pulcinella, alias Polichinelle. Oeuvre poétique et politique à la fois, l'histoire commence en Campanie où Tomaso Cestrone, un paysan, qui a réellement existé, devient le gardien d'un palais abandonné par l'Etat et dévasté par les immondices qu'y déverse la camorra. Tomaso, "défenseur" du patrimoine de l'Italie et sauveur des bufflons destinés à mourir parce "ne servant à rien", devient de façon allégorique et réelle, le défenseur d'une Italie perdue. Mais le film ne reste pas sur un constat amer et passéiste. Par le truchement du personnage de Pulcinella, passeur entre le monde des vivants et des morts, il nous fait basculer dans le fabuleux. Tomaso, le paysan généreux, charpenté, fort, au regard franc et courageux, meurt mystérieusement un soir de noël. Schiarpone, le bufflon qu'il a recueilli dans un fossé est désormais orphelin, mais le palais lui est à présent gardé par l'Etat, entretenu, sans pour autant être ouvert à la visite. " Au-delà", Pulcinella est chargé de récupérer le malheureux bufflon, et de le conduire vers le Nord, pour accomplir son destin. Vêtu d'un blanc costume et chaussé d'un masque noir au nez crochu, Pulcinella traverse accompagné de Schiarpone, la campagne Italienne, sublimée, de véritables peintures: la nature est ici une oeuvre d'art. Ils rencontrent des paysans délaissés, un géant solitaire retiré dans une grotte qui mène des fouilles archéologiques nocturnes, et finissent chez un vacher. C'est le sort du bufflon qui est scellé, comme l'annonce la première scène du film, en plan subjectif, des images "salies", contrastant avec la superbe photographie, le conduisent sur un sol carrelé à l'abattoir. Il aurait dit-il en off "aimé naître sur une autre planète, peut-être sur la lune", car "ici-bas, où l'homme pense qu'il est le seul à avoir une âme, être un bufflon devient un art".... Les larmes du bufflon feront écho dernier regard bleu de Tomaso.