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Thomas P
36 abonnés
509 critiques
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3,0
Publiée le 21 janvier 2017
Grand Prix du festival de Deauville 2016, Brooklyn village conte une amitié à la fois simple et touchante qui s'esquisse tranquillement au sein d'une belle ambiance urbaine. Le décor choisi importe peu, contrairement à la survie de cette amitié entre deux enfants, impuissants face au comportement de leurs parents. On aurait aimé une plus grande complicité et attention du réalisateur pour ces deux garçons plutôt que les histoires de grandes personnes, certes indispensables pour construire le film, mais trop exposées pour susciter un intérêt.
Ira Sachs nous avait laissé le bon souvenir de la belle romance gay et sexagénaire « Love is strange » et tisse depuis une décennie une œuvre dans le cinéma indépendant américain plutôt intéressante et toute en retenue. Toujours dans la même veine très intimiste, « Brooklyn Village » souffre d’un postulat de départ peut-être un peu trop anodin pour en faire un film mais qui paradoxalement fait vivre le long-métrage. Car dès lors qu’on s’en éloigne, tout devient beaucoup moins intéressant comme on peut le constater lors du premier quart d’heure de mise en place assez laborieux ou lors de scènes inutilement rallongées ou moins intéressantes (les répétitions du cours de théâtre de l’un des gamins ou la pièce de théâtre où joue Greg Kinnear).
Des longueurs inutiles pour un film pourtant très court (1h25 à peine) qui prouvent bien que « Brooklyn Village » se constitue à partir d’un sujet trop fin pour un long-métrage ou alors mal exploité en dépit de ses très intéressantes ramifications sociétales et psychologiques. Jugez plutôt : une famille de Manhattan hérite d'une maison à Brooklyn, dont le rez-de-chaussée est occupé par la boutique d’une couturière latino-américaine. Les relations sont d'abord cordiales grâce à l'amitié qui se noue entre les enfants des deux foyers. Mais le loyer de la boutique (jamais réévalué par l’ancien propriétaire, père du nouveau et ami de la couturière) s'avère bien inférieur aux besoins des nouveaux arrivants. Ce problème financier va perturber la complicité entre voisins et la relation des deux enfants.
Les discussions des protagonistes concernant une affaire qui pourrait arriver à tout le monde sont écrites avec sens et acuité, amplifiées par des acteurs au diapason. Ce sont les meilleurs moments d’un film qui pêche par manque d’ambition et trop de simplicité. Il y manque une petite mélodie plus entrainante pour en faire autre chose qu’un micro-film plus ou moins intéressant selon les moments et auquel il manque peut-être de davantage de personnages ou de seconds rôles plus creusés. En l’état c’est juste sympathique et très subtil mais un peu trop insignifiant.
Brooklyn Village ou Little Men est une bonne surprise. Ici s'oppose les rapports humains face aux rapports économiques. La famille apprécie beaucoup Leonor, mais ils doivent lui établir un nouveau bail avec un loyer trois fois plus élevé que celui qu'elle paye, loyer qu'elle ne peut assumer. De plus, l'amitié entre les deux garçons des deux familles est très fusionnelle, ce qui corse les choses. Le mélange conflictuel entre ces deux rapports est très intéressant et touchant, l'histoire coule comme de l'eau de source. Les acteurs sont bons, surtout les deux enfants qui arrivent à nous émouvoir. Cependant, je radote toujours sur les films vu en compétition à Deauville mais je pense que l'histoire aurait pu être un peu plus poussée. Il y a toujours de bonnes trames scénaristiques mais on croirait que les réalisateurs ont peur de choquer en allant plus loin, et c'est dommage. Bon film dans l'ensemble.