C'est l'histoire de deux personnes qui n'ont pas particulièrement d'élément commun. D'un côté un vieillard bougon et nostalgique, de l'autre, une jeune étudiante frivole et pleine de vie. Et pourtant le destin va les réunir. Il suffit d'une annonce pour une chambre dans une maison à Paris et Voici Constance qui débarque dans demeure du vieil Henri (non sans peine d'ailleurs!
J'ai beaucoup aimé ce film pour plusieurs raisons. Je n'ai pas apprécié quelques éléments néanmoins. Laissez-moi vous expliquer :
On le devine, au départ, la communication est difficile. Pourtant, très vite s'instaure une certaine complicité entre les deux protagonistes, toutes proportions gardées. Henri reste ce qu'il est, Constance également… Toutefois un terrain d'entente semble creuser son sillon.
Quelque part, les deux personnages se ressemblent. Tous deux passent (Constance) ou sont passés (Henri) à côté de leurs rêves. Par convenances sociales, exigences de la vie, crise, etc. Ils n'ont pas écouté ce cœur qui leur disait quoi faire de leur vie.
Constance, pourtant relativement extravertie, manque cruellement de confiance en elle. Elle pense louper tout ce qu'elle entreprend ( ce qui n'est pas loin d'être le cas en fait) et je pense qu'Henri fait une sorte de transfert affectif sur elle (sans le lui montrer bien évidemment!) : il la prend sous ses ailes comme étant sa propre fille. Sans doute veut-il rattraper les erreurs qu'il a faites avec Paul, son propre fils.
De fil en aiguille, il va aider Constance à retrouver son chemin dans la vie comme elle va l'aider lui à partir sereinement vers d'autres contrées.
Tout ceci m'a plu dans ce film, c'est plein de fraicheur, d'optimisme voire d'humanité. On se régale.
Mais étudions de plus près l'histoire d'amour arrangée et expéditive entre Paul et Constance : tout est trop énorme, caricatural, trop facile. C'est dommage de l'avoir inséré de la sorte dans la film. On a l'impression d'être dans une farce de comédie de boulevard. Cette dernière passe mal au cinéma. On a besoin de vécu, pas de situations précuites et sans réel intérêt. Je suis sûr que le réalisateur aurait pu trouver dans l'intrigue de quoi créer un dénouement tout aussi juteux.
Sinon, franchement le film est protéiforme : il y a un zeste de tragique, pléthore comédie, agrémenté d'une touche de ridicule sans oublier la connotation philosophique : oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, ce film fait réfléchir sur le sens de la vie, la relation à la paternité et plus largement l'adéquation de ses propres valeurs face aux valeurs qui nous ont été éduquées.
Ironie du sort, c'est Henri, le vieillard bougon qui enseigne cette urgence de vivre, l'importance de vivre ses rêves et de ne pas passer à côté de son destin. Et il a plus d'un tour dans son sac! Il fait de ses regrets des atouts et aide Constance à trouver sa voie, en dehors des carcans familiaux mais en écoutant ce à quoi la jeune femme aspire réellement.
Ce film est allé jusqu'à me faire réfléchir sur ma propre vie : ai-je fait les bons choix ? Est-ce que je mène une existence en adéquation avec mes valeurs?
Voilà au fond toute la problématique du film qui fait de lui une œuvre riche et passionnante.
Alors finalement je pardonne (bien qu'avec beaucoup de peine) l'histoire d'amour arrangée de toutes pièces entre Paul et Constance pour faire exploser le couple Paul/Valérie puisqu'elle sert la finalité du film et fait avancer l'intrigue.
Tout de même, notons que le personnage de Valérie est un archétype de la haute bourgeoisie catholique et il est dommage qu'il soit si caricatural. Mais au fond, on en rit.
J'ai trouvé ce film plein de justesse, plein de fraicheur, bourré de petites attentions et de bonheurs délicats. Et cela fait du bien. A défaut d'être un chef-d'œuvre, le film est agréable, on le regarde sans s'ennuyer et même la bande son est sympathique. On se laisse emporter, un peu comme par magie dans la vie de ces personnages et c'est un beau voyage qui nous mène au cœur de nous-mêmes.
On ressort revigoré, on se sent plus légers, comme délestés de nos propres fardeaux : oui, vivre est une urgence, on n'a qu'une seule vie (puisqu'Henri le dit). Oui, nous sommes tous maîtres de notre propre destin !