Les « teen movies » sont un genre très codé, dans celui-ci, les marqueurs habituels sont bien là : des ados plus ou moins mal dans leur peau, le lycée avec ses activités périscolaires, son équipe de football américain, ses pom-pom girls, son bal des élèves comme rite de passage. Contrairement à de nombreux films de ce genre, « Stargirl » ne s’intéresse pas directement aux « montées d’hormones » pubères avec un humour plus ou moins grivois mais, plutôt, aux sentiments amoureux naissants. Normal, me direz-vous, puisqu’il s’agit d’une production Disney.
S’il est dénué d’enjeux dramatiques forts, le film a un personnage fort, une adolescente qui se fait appeler « Stargirl ». Elle joue le rôle d’ «accoucheuse» de tous les personnages qu’elle approche et, plus largement, du lycée tout entier. Pour son petit ami, par exemple, dont le principe de survie au lycée est d’être invisible et qui, à son contact, va apprendre à être lui-même et à ne plus avoir peur de ce que les autres pensent de lui.
Dans ce film où l’on entend des phrases du type « ce n’est pas de gagner qui rend les gens heureux mais c’est d’être heureux qui les fait gagner », le risque est qu’il vire dans une sentimentalité douceâtre, une gentillesse dégoulinante et peu convaincante.
Et bien, ce n’est pas le cas. Si j’ai pu m’en laisser conter par ce film, c’est grâce à la qualité de jeu de sa jeune interprète principale : Grace Vanderwall. Peu connue en France, elle a une fiche wikipédia déjà longue comme le bras. C’est donc une enfant star mais sans les tics qu’ils ont souvent, son jeu d’une grande fraîcheur, sa dégaine insolite sont un bonheur constant. Julia Hart, la réalisatrice, dont c’est le troisième film, construit, par sa mise en scène sensible, un bel écrin pour son actrice principale et intègre de manière fluide plusieurs numéros chantés et dansants plein d’entrain (c’est le chorégraphe du film « La La Land » qui les règle).
Enfin, le film a une dimension quasi fantastique, même si elle n’est pas tranchée (les évènements en question peuvent aussi s’expliquer rationnellement). Donc, Stargirl pourrait être la petite sœur de « Starman », le héro extraterrestre du beau film de John Carpenter, d’autant plus qu’à la fin du film,
avant sa disparition
, on peut interpréter que le personnage de Grace Vanderwall fait neiger sur la petite ville de l’Arizona où est située l’action du film (le film de Carpenter se termine aussi sur une chute de neige dans une atmosphère rougeoyante lorsque « l’homme des étoiles »s’en va...).
Un film charmant et désuet.