Ou les angoisses d’une femme ou d’une future mère face aux changements qui l’attend. Olivia est une actrice de théâtre. Elle, et puis son conjoint, aussi. Ceci n’est pas du cinéma fictionnel : Petra Costa et Lea Glob, les deux réalisatrices, sont aidées par ce couple dans la vie réelle, ce dernier interprétant les scènes qu’elles souhaitent tourner. Nous voici plongés dans l’esprit de la femme engrossée, et en même temps dans un quotidien peu stimulant, rébarbatif, et en un autre terme extrêmement protecteur (le devoir est, durant toute la durée du film, la conservation en bonne et dû forme de la progéniture, ou cet minuscule humain qu’Olivia nomme et que tant de mères ont nommées, à bout de forces, « alien »). Alors on passe des moments intimes d’un couple à une analyse du future rôle de mère et des rôles qu’Olivia a eue en tant qu’interprète. Le cheminement scénaristique fait penser à du Malick contemporain, comme ces longs questionnements basés sur la souffrance causée par la solitude ou sur l’importance d’une carrière par rapport à celle d’avoir un enfant. La mise en scène aide beaucoup le spectateur à s’immiscer dans ces traits de vie quotidienne, entre rires et colères, désarroi profond d’un être sur son changement physique et mental. Du rire, il y’en a lorsque le ton se veut plus adouci, lorsque la tornade de questions existentielles arrête de tourbillonner dans la tête d’une Olivia en recherche d’elle-même, lors d’une préparation d’une soirée festive, avec de bons amis et des relations appréciées. Il faut savoir, pour apprécier l’oeuvre, entrer dans la psychologie de personnages aux caractères bien différents en se faisant aider par la réalisation aventureuse, mais qui nous fait seulement voyager, la plus grande partie du temps, que d’une cuisine à un salon, d’un évier à un canapé où est allongée une Olivia Corsini en perte d’énergie, causée par la présence dans son ventre de son enfant mais aussi par une longue méditation en sourdine, qu’elle ne parvient à extérioriser que lorsque son confident arrive essoufflé d’un métier d’interprète et de répétitions éprouvants. À eux deux, ils parviennent à nous émouvoir, puis à nous faire rire avec autant de facilité. Ils se complètent parfaitement dans une sorte de gestuelle des rôles, font sentir à des mètres et des mètres leur commune passion qu’est et restera le théâtre. Si l’oeuvre en question prêche tout de même un peu du côté du rythme (certains passages se bousculent dans une répétition harassante), on reste intéressés par cette vision de la femme enceinte au cinéma, personnage (de scène et d’écran) peu banal et assez rare, et qui nous pousse de force sur un autre terrain de jeux, avec d’autres jeux, d’autres règles, d’autres questions de posées à un public qui, pourtant, ne change pas. « Olmo et la mouette » est comme une surprise qui ne sortira pourtant qu’en fin d’été, bien trop proche de la rentrée déprimante et de ses résultats de mauvais augure. Une oeuvre à prendre comme un témoignage, voire telle une expérience que seules peuvent expérimenter les plus braves. Et au féminin, s’il-vous-plaît!