Premier film de Jean Eustache, «Les Mauvaises fréquentations Du côté de Robinson» (France, 1963) montre deux hommes en quête dune nénette quils appellent souris. Par cette appellation, la quête sapparente au jeu du chat et de la souris. Eustache filme donc, avec un non-professionnalisme revendiqué, caméra au tangage vertigineux, les méchefs misérables de Daniel et Jackson. Nul ne semble préoccuper ces deux-là sinon la complétion de leurs appétences. Eustache ouvre son uvre avec une histoire néfaste, déjà pleinement caution du vertige de son cinéma. La turpitude des murs, exhaler comme vernaculaire, prend à verso lapologue dune réalité, écumante déjà de mai 68. «Les Mauvaises fréquentations
» et son impertinence espiègle prête à sourire, pour peu de nêtre pas aisément froissable. En effet, ce film eustachien se sollicite à un public précis, la jeunesse hardi, assoiffée de conquête. Dautant plus que ce noir et blanc, seing de la Nouvelle Vague, où le noir semble davantage sinscrire sur la lumière quinversement donne aux scènes la véhémence dune étuve. Mais cette ferveur lumineuse est sans relâche dissipée par les sarcasmes sexistes des deux protagonistes. Car «Les Mauvaises fréquentations
», derrière la frivolité de son éloquence, traite de laccointance entre les hommes et les femmes. Quitte dun romantisme échu pour Eustache sinon transmué, ce court-métrage audacieux, dailleurs interdit au moins de 18 ans, garotte la dérision de la jeunesse vigoureuse avec la pathétique union intéressée de lhomme et de la femme. Cependant, ce premier court se résume en un canevas à tâtonnement, peut-être un prémisse vers «Le Père Noël a les yeux bleus» (France, 1966), plus acheminé, où les dialogues eustachiens résonnent davantage en échos redoutable, là où ici ils filent se perdre, espérant trouvé conscience à percuter. Ainsi ce premier film, garant de lintensité dauteur dEustache, na de réelle valeur que comme introduction à luvre du cinéaste.