Comme il en a été de même dans leurs précédents films, Ben Safdie et Joshua Safdie ont cherché à creuser, avec Good Time, leur obsession pour les marginaux et plus particulièrement les Américains oubliés. Le second ajoute : "Plus on se focalisait sur des éléments comme le danger, l’urgence, et la nécessité d’un objectif clair, plus le film se transformait en néo-thriller à sensation."
C'est en voyant Mad Love In New York, le précédent film de Ben et Joshua Safdie centré sur un couple de toxicomanes, que Robert Pattinson a découvert l’esthétique des frères Safdie et en est tombé amoureux. Le comédien a ensuite contacté les réalisateurs pour leur faire part de son envie de tourner sous leur direction. "Rob m’a dit au téléphone, 'peu importe le prochain projet que vous allez monter, je veux en être !' Il nous a dit qu’il nous suivrait où qu’on l’emmène", se rappelle Joshua Safdie.
A l'origine, les frères Safdie voulaient proposer à Robert Pattinson de jouer dans Uncut Gems, leur prochain film dont le tournage est prévu pour 2018 avec Martin Scorsese au poste de producteur exécutif. L'acteur ne s’intégrant pas dans l’univers particulier de ce long métrage, les deux réalisateurs se sont donc mis à imaginer un projet centré autour de Pattinson, et c'est de cette manière que Good Time est né.
Pour Good Time, les deux frères et le scénariste Ronald Bronstein se sont inspirés de faits divers des tabloïds, comme ceux qu’ils lisaient dans le New York Daily News, à savoir des histoires peuplées de petits délinquants médiocres, pétris de rêves ambitieux, mais incapables de réaliser correctement leurs forfaits : "Nous avons toujours été fascinés par ce ventre mou de notre société qui pourrit sur place. L’histoire s’est transformée en étude de l’amoralité. Les meilleurs romans de gare sont immoraux - ils sont dangereux parce qu’il n’y a aucune morale pour structurer l’ensemble", précise Joshua Safdie.
Joshua Safdie et Ronald Bronstein ont élaboré le parcours biographique très détaillé de Connie Nikas, afin de construire ensuite ce personnage complexe incarné par Robert Pattinson. "Rob vient de la banlieue londonienne, et il a donc dû intégrer très rapidement le chaos et la violence du Queens - c’est lui qui a fait le boulot le plus dur dans le film. Buddy pouvait s’inspirer de son enfance à Astoria, mais Rob n’avait pas ces repères, si bien qu’on a passé des mois à travailler le personnage de Connie avant d’écrire le scénario", se rappelle le premier.
Good Time se déroule dans le Queens et ses environs, où Joshua Safdie et Ben Safdie ont passé une grande partie de leur enfance. Ce borough new-yorkais a été représenté dans le film comme un personnage à part entière. "Le Queens qu’on connaît et qu’on adore ressemble un peu à cette communauté de personnages (en rapport à leurs origines ethniques les plus diverses). On voulait saisir l’énergie de ce quartier, un peu à la manière de Saturday Night Fever. (...) Le Queens a toujours été envisagé comme un lieu de répit par rapport à la ville, un endroit où l’on peut être soi-même. Mais ça n’a jamais été un endroit cool", explique Joshua.
A noter la présence de deux acteurs de la série carcérale culte Oz : Craig muMs Grant et Robert Clohessy. Le premier joue dans la série un détenu afro-américain surnomé Poète du fait de son talent à rédiger des poèmes crus sur la vie en prison et le second un surveillant-chef loyal.
Pour la musique Good Time, les réalisateurs se sont tournés vers le musicien expérimental et compositeur de musiques de film Daniel Lopatin qui enregistre sous le pseudonyme d’Oneohtrix Point Never pour le label WARP Records. Les frères Safdie voulaient que la bande-originale du film soit moderne, électro, et teintée d’influences diverses, parmi lesquelles le rock progressif du britannique Steve Hillage, les synthétiseurs analogiques du compositeur japonais Isao Tomita, aujourd’hui décédé, et le groupe Tangerine Dream. Lopatin et les frères Safdie se sont notamment retrouvés autour de leur passion commune pour la bande-originale de Heat de Michael Mann.