Pfffff… Roh l’ennui… Franchement, ce n’est pas faute d’essayer : essayer de se conserver un horizon le plus large possible ; essayer d’aller là où je ne serais pas tenté d’aller… Mais bon, moi, face à des films comme cet « Aquarius », je ne peux clairement pas. Quand je vois l’engouement qui existe autour de la sortie de ce film, je repense soudainement à la sortie d’ « Une séparation », ou bien encore de celle de « Lunchbox ». L’un était iranien, l’autre était indien. C’était plat, lent, basique… Mais c’était exotique et bien-pensant. Alors qu’importait la forme rêche ; qu’importait la platitude de la narration et du rythme. Au contraire ! C’est tellement typique de l’image que l’on voulait se faire du cinéma exotique que ça marchait du coup à fond les ballons ! Ainsi tout le monde avait encensé des films qui, dans la forme comme dans le fond, n’avaient pourtant que bien peu d’idées… Alors bon… Après tout pourquoi pas. Tant mieux pour ceux qui s’y retrouvent ! Mais bon, pour moi qui aime de la densité dans le propos, dans la forme, dans le style, je dois bien avouer que je crie vite famine face à ce genre de films, et malheureusement « Aquarius » en fait partie. Ah ça ! On peut s’émouvoir en observant cette Dona Clara méditer au beau vieux temps ! On peut être touché en la regardant contempler les brèches que ce temps creuse dans son corps et dans les fondations de son immeuble… Mais qu’on nous propose une telle forme ; un tel rythme… Sérieusement ? Ça tourne en rond, c’est didactique, ça se perd dans autant de scènes qui illustrent en permanence ce confort mêlé de mal-être. Et tout ça sur plus de deux heures… C’est bon, je n’avais pas besoin d’autant, surtout si la seule idée formelle du film se limite à simplement porter étrangement l’attention du spectateur sur une commode… Alors après voilà : le cinéma n’est qu’une vague question de goûts et de couleurs. Là où, parmi les critiques de la presse, je vois qu’on nous parle « d’auteur surdoué », de « complexité lumineusement taillée », d’un « puissant récit de résistance à la marche du monde », « d’indolence », « d’étonnant mille-feuille », de « fluidité mystérieuse », je vois surtout des hommes et des femmes qui ne savent finalement même pas nous dire pourquoi ils apprécient ce film. Bon après c’est sûr que c’est plus glam que de dire : « certes, c’est tout con, mais j’ai aimé parce que ça se déroule dans un décorum bobo que je surkiffe, et en plus de ça c’est brésilien donc je peux ouvrir mes chakras en toute sécurité : ça me donne à moi-même une image tellement ouverte sur le monde que ça suffit à mon bonheur. » Allons bon… Pourquoi pas, mais encore faut-il que ça n’aille pas trop loin… Moi quand je lis que ce film est sensé être « un film politique contre l’agressivité d’un capitalisme débridé », je trouve quand même qu’on se fout un peu de nous quand même. Non. Arrêtons deux secondes. Cette intrigue de promoteur immobilier c’est juste un vieux poncif pas inventif pour un sou, développé de manière ultra linéaire et didactique, dont le vide est systématiquement comblé par de longs plans sur l’actrice qui joue le rôle principal. Alors OK, on peut le trouver admirable ce personnage. Mais bon, il est quand même aussi étrangement écrit. Clara, finalement, comme la réalisation, est elle aussi très didactique dans ce qu’elle dit et dans ce qu’elle exprime ; et au fond, elle n’est pas aussi charmante que cela dans ce qu’elle est et dans ce qu’elle fait. En termes d’écriture, difficile de faire plus plat… Bon, après, ce n’est pas hideux non plus. Formellement Kleber Mendonça Filho maitrise les codes. C’est juste qu’il les exécute sans talent ni audace… Sans idée aussi… Au fond, c’est peut-être d’ailleurs cela qui résumerait le mieux le film. A part son pitch de départ et sa fameuse commode, le film n’a aucune idée… Et pourtant il dure deux heures… Donc voilà. A vous de méditer. Une pluie de laurier de la presse parisienne vaut-elle à ce point que vous preniez de tels risques d’ennui ?...