Cette interview ne date pas d’hier, car elle remonte à mars 2000, et, contrairement à ce qu’affirme le site d’Allociné, elle n’a pas été faite là où eut lieu l’attentat du 7 janvier 2015, mais dans les anciens locaux de « Charlie-Hebdo », 44 rue de Turbigo. Le journal déménagea deux fois ensuite. La date éclaire les allusions aux deux principaux actionnaires du journal, Philippe Val et Cabu, et à Gébé, petit actionnaire. L’interviewé, Bernard Maris, était aussi un petit actionnaire, de même que le chanteur Renaud, qui a ensuite revendu ses parts. Aujourd’hui, l’actionnaire principal est Laurent Sourisseau, dit Riss, qui s’est évidemment nommé directeur.
Auteur de deux« Antimanuel(s) d’économie », Oncle Bernard s’exprimait chaque vendredi matin sur France Inter, et c’est un grand malheur qu’il figure parmi les victimes du massacre de janvier, car il était l’esprit le plus vif et le plus intéressant de la rédaction, avec Patrick Pelloux, le médecin urgentiste, qui, heureusement, est encore vivant. Écouter parler Bernard Maris vous faisait vous sentir intelligent. En outre, ce penseur ne pensait pas comme tout le monde, et il flingue dans cette interview un certain nombre de notables, dont Jean-Claude Trichet (gouverneur de la Banque de France de 1993 à 2003, ensuite président de la Banque centrale européenne, jusqu’en 2011) et Michel Camdessus (directeur général du FMI de 1987 à 2000, gouverneur honoraire de la Banque de France ensuite), mais épargnant Keynes et Stiglitz, qui sont des pointures. On en redemanderait, de cette descente en flèche des tenants de l’ultralibéralisme, fausse science et vrai fléau.
Le tournage fut un peu cahotique. L’équipe de tournage, visiblement novice, l’avait fait avec de la pellicule, dont il fallait changer de bobine à intervalles réguliers, mais... sans interrompre l’enregistrement du son, donc on a plusieurs longues coupures sans la moindre image. Mais qu’importe, le discours n’est jamais interrompu. On espère que le film repassera à la télévision.