Victoria vit dans sa Tour du 13ème arrondissement de Paris, au milieu de ses deux filles livrées à elles-mêmes, des tonnes de dossiers et de papiers, des babysitteurs de passage. Bref, sa vie est un bazar qu'elle essaye de démêler entre ses séances de psychanalyse et ses plaidoiries, ou encore ses consultations chez une voyante africaine. "Victoria" est d'abord le film d'une actrice. En effet, Virginie Efira porte de bout en bout ce personnage à la fois fantasque, sombre, désinvolte et profond. Le spectateur sourit souvent, pas forcément jusqu'aux larmes, mais en tous les cas, il est difficile de résister à la tendresse que dégage cette Victoria, femme ultra-moderne comme ultra-perdue. Le scénario pêche parfois de confusion, ou d'invraisemblance, mais on se laisse porter par ces drôles de procès où il est question de harcèlement, d'autofiction, de tentative de meurtre, d'humiliation et de chien, un Dalmatien, qui se porte témoin d'une scène de violence conjugale. Il ne faut pas chercher dans ce portrait du grand cinéma. "Victoria" est un moment de cinéma délicat et attachant, dont on sait très vite que la réalisatrice n'a pas cherché à se prendre au sérieux. Pour autant, le film dénonce un monde contemporain, où, à force de travailler, l'on passe à côté de sa vie et des gens qu'on aime. La mise en scène est totalement remarquable. Les personnages sont à leur place, ils croient à cette histoire loufoque et décalée, et se laissent entraîner par une Virginie Efira qui irradie de beauté et de vérité.