Victoria, seconde création de la planète Triet est d'office une de mes plus grandes aventures comiques de ses dernières années ! Plutôt deux fois qu'une puisqu'après une première en 2017, ce retour en 2023 m'a encore que plus éclaté !!
J'adore absolument tout ce fichu boxon ! J'arrête la ponctuation, les points d'exclam' tout du moins tant sinon je vais en mettre partout. J'adore le rythme, qui bondit à plein régime, le mélange et croisement au sein même de cette histoire qui carbure à 100 à l'heure dans une connotation des genres que le ton de sa réalisatrice parviens dans une totale liberté à rendre premier, second, troisième degré et davantage. Un des meilleurs films Français de ses 10 ou 15 dernières années, au moins !
Allongée sur un Divan, Victoria, héroïne dingue de notre épopée se confesse sur le total décalage de sa vie disparate, ou tout fout le camp, sans qu'elle n'y puisse rien ... De cette scène inaugural, on est avec et pour elle, quoi qu'il advienne. Clope au bec, elle commence par s'embrouiller avec le baby-sitter de ses deux filles, deux petites qui d'ailleurs traversent le récit ( à l'instar de La Bataille de Solférino ) comme des gamines assez excentriques et qui adore visiblement le chantier ! Premier problème en perspective, il y'en a d'autres à venir.
De ce mariage ou rien n'est " naturel ", contrairement à son thème, on observe une déliquescence immédiate. Avant ça, un peu de joie, dans l'ivresse surtout, la beuverie dissimule le mal-être en chanson, tout comme ces rencontres anodines avec d'anciennes connaissances ou cette danse dans l'effervescence du moment avant que tout ne dérape et ne se termine dans une petite salle d'interrogatoire entre cette même Victoria et son ami, et futur client, Vincent, accusé d'avoir poignardé sa compagne. L'instant n'est pas bien grave, enfin dans le traitement ici, la blague se veut constante, elle l'est.
Entre deux rendez-vous chez le psy, ou ces rencontres avec cette voyante qui lui tire les cartes, ou de ses prises de becs avec son ex-conjoint ( encore une récurrence avec ledit premier long métrage de Triet ) elle se lie avec ce même jeune homme, lui aussi ex, mais cette fois client, et de facto dealeur, dans une étroite collaboration de d'employé/colocataire qui tout se suite fait beaucoup rire devant la tournure du partenariat. Ce nouvel assistant dans ses affaires, pro et perso, baby sitter surtout va entré dans le quotidien de cette avocate aussi impliqué qu'un poil paumé. La scène qui suit, plus intime avec son compagnon du soir trust aussi les sommets en terme de farce, tant le décalage de la situation est génial entre les pulsions de ce type pas vraiment venu pour jouer aux cartes et la parole non stop de Victoria qui compulsivement traite ce rapport en même temps qu'un autre ! Le tout en faisant du piano. Une petite impuissance qui dans le contexte va de pair avec l'hilarité suivante, cette convocation face au juge de Victoria et de Vincent, qui vire à la fanfaronnade de ce dernier lorsqu'il évoque son capital séduction ... Plus ubuesque encore lors de la citation pour témoin de Jacques le Dalmatien par ce même Vincent dans ce rendez-vous venu d'ailleurs.
Les dialogues et échange sont remarquables, comme toujours dans chez Justine Triet qui collabore avec une équipe incroyable pour fabriquer des films qui booste chacun de ses compartiments en la matière. Et là, clairement, on est servit. Le nouveau mec qui débarque à l'appart, BG64 il me semble, nous offre une " poilade " juste géniale ! Le voleur de culotte qui nous tape sa crise et qui veut se noyer dans la chose avec une Victoria qui pour une fois n'est pas hyper partante est un pic dans l'échange verbale, et non verbale qui à terme, poursuit encore le délire. La lecture de son ex, devant cette assemblé de mecs hyper Tech' question com', du manuscrit qu'il écrit, complètement à charge et qui la nomme sans la nommer vraiment est une autre de ses meilleures séquences dans le verbe. Le choix de la veste de costume et du tee-shirt de NERD accentue de cibler la bande de gars bien branché dans le bashing de la gente féminine ! Les détails ont leurs importances.
On aborde un nouveau chapitre avec le clebs. Puisque de mention, il devient ici témoin clé de l'affaire et doit donc comparaitre devant un spécialiste qui lui fait passer une batterie de test ou son odorat est mis à l'épreuve ... La suite, un peu plus tard va encore pousser dans l'idée de sérieux et de parodie !
Le passage sous speed de " l'écœurement " de notre spécialiste des affaires compliquées va monter d'un cran dans le chef d'œuvre d'humour que nous sort sa réalisatrice qui livre une de ses meilleures esquisses dans cet espace là. Le défilée, pro et perso qui l'amène à cette crise de panique est une masterclass, j'insiste ! Le Lexomil et la prise d'initiative de Sam vont faire basculer le film dans une tornade ou notre personnage principale va s'engouffrer et sombrer, plutôt deux fois qu'une.
La suspension et la leçon de morale qui la font craquer, physiquement et psychologiquement, révèle d'ailleurs Virginie Effira dans une touchante démonstration de ses moyens d'actrices, entre compassion et admiration. Sibyl, aura encore de quoi faire passer un cap à cette actrice qui démontrera là pleinement ses compétences, choses qu'elle fait déjà ici, mais mieux encore. Le retour au divan, et toute la crise existentielle qui en vrac bute un lapin, s'enivre de vodka, dans une pléthore de déguisement dont les gamines apprécient visiblement, ont pour raison la santé de cette avocate suspendu et confuse comme jamais. Le message sur répondeur de son ex en appel au retour de Sam le congédié, et pour un retour, il ne fait pas le truc à moitié. Avec classe et assurance il reviens et reprend tout, et plus encore.
Le retour aux affaires marque le début du procès, des procès j'ajoute. Entre Vincent et son ex, médiatique, et plus intime entre cette dernière et son écrivain d'ex-mari qui déballe tout de sa vie précédente. Laure Calamy est d'ailleurs à créditée pour ses quelques scènes que l'on peut considérer d'épiques ! La récap des messages de Vincent à une autre femme qui l'accuse nous fait entrée avec la manière dans ce tribunal, rouge de chez rouge, dans une ambiance de carnaval et de fiesta ! Le bodylanguage de Jacques est étudié, le singe du mariage convié, des photos prises sur la véracité de l'affaire sous des angles flatteurs pour un joli postérieur, moins pour la crédibilité du témoignage de la partie d'en face pour une rigolade de tout les instants.
La réunion des hommes de la vie de Victoria dans son appart, et la désertion de tous, pour certains contraint et quasi forcé, chamboule encore l'équilibre qui s'emblait être revenu dans sa vie. Sa prise de cacheton et de liqueur rameute son chevalier servant qui lui prodigue un petit coup de main pour tenir le coup avant sa plaidoirie. Comme quoi, même les forces de la nature ont besoin aussi de poudre magique. Je rigole, bien sur !
Elle sort de son combat, lessivé, avec une gueule de bois phénoménal, avec une victoire et une défaite. Mais tout n'est pas perdu, puisque question chimie, la molécule trouve enfin sa plénitude ! " C'est si rare que j'ai 2 secondes de calme intérieur ! "
La plus belle phrase du film. Une des meilleures comédies que j'ai pu voir, j'insiste et j'insiste sur le phénomène. Vivement la Palme d'Or !