J'ai regardé ce film à la fois en tant qu'enseignant et personnellement croyant. Je précise ce dernier fait d'office, par souci de transparence. Toutefois je vais tâcher de donner une critique la plus objective possible.
D'abord d'un point de vue cinématographique : le film part sur une idée très intéressante, celle de débattre de la frontière entre partage de connaissances sur une religion et prosélytisme. C'est une question à laquelle je suis personnellement confronté, étant donné que j'enseigne l'histoire et que le programme de mon pays (Suisse) inclut des thématiques qui touchent à la religion. Malheureusement, dès les premières minutes du film, j'ai déploré une certaine "propagande évangélique" à peine voilée et un manque de réflexion profonde sur la problématique abordée.
Tout au long du film, l'évangélisation est très présente, ce qui en tant que croyant me touche personnellement, mais nuit à la qualité du film. En effet, certains propos manquent de nuances, ou sont même franchement critiquables car non suffisamment développés. Toutefois, si on arrive à pardonner ce style somme toute très "évangélique américain" (n'oublions pas le décalage culturel important), on finit par s'attacher aux principaux personnages du films, tous très touchants. Fait notable : même les "athées" sont présentés avec leurs qualités et leurs arguments parfois déroutants. Et c'est ainsi que plus on avance dans le film, plus le propos devient réellement pertinent : le déroulement du procès montre finalement la grande complexité de la question de fond, au point que le spectateur se retrouve dans la peau des jurés, qui ont un verdict bien difficile à trancher.
En définitive, il faut reconnaître qu'il s'agit d'un film globalement moyen dans sa réalisation. En revanche, et c'est son immense intérêt, il finit par une grande interrogation qui selon moi reste ouverte : qu'a-t-on le droit d'exprimer comme idée en tant que représentant de l'Etat? Que fait-on par exemple dans ma situation lorsque des élèves nous posent des questions sur la religion chrétienne, ou autre? Comment fait-on pour répondre à ces questions sincèrement, objectivement, et sans chercher à convertir qui que ce soit ? Quelle est la la limite? Et que doit-on faire en général lorsqu'un élève nous pose une question sur un sujet potentiellement délicat? Il peut s'agir de religion, tout comme de politique, de sexualité, ou tout autre domaine sensible.
Pour moi ces questions restent largement ouvertes, et je trouve super que des films comme celui-ci les questionnent.