(...) Alors certes, le film m'a plus fait sourire que rire à gorges déployées, les scènes de pur délire étant rares voire absente du métrage, mais il y a une vraie qualité dans l'écriture, dans l'interprétation et même dans la mise en scène (si, si) qui en fait un produit décalé par rapport au reste de la production qui fait rudement plaisir à voir. Mais commençons tout de suite par parler des acteurs, une petite troupe de cinq comédiens complètement disparate, un peu à l'image du groupe de gens dans le film. Le duo André Dussolier-Bérengère Krief, c'est la bonne vieille formule de l'eau et du feu, une recette vieille comme le genre mais qui fonctionne à merveille, grâce au talent des comédiens. Lui, c'est une légende du cinéma français, une voix reconnaissable entre mille, une diction parfaite, un jeu sobre mais puissant, une justesse constante tout au long de sa carrière (sauf "Vidocq" peut-être mais vu que tout le monde joue mal dans ce film, ça s'est pas vu) bref, c'est une Rolls, à l'aise dans le drame et la comédie. Un talent hors norme bien utile dans le cas présent car son personnage passe parfois du grave à la bonhomie (ou l'inverse) en quelques lignes de dialogue. L'acteur offre ainsi une prestation majuscule, sans forcément donner l'impression de forcer son talent, mais éclaboussant le film de sa classe. En face, il faut donc du répondant et Bérengère Krief a ce qu'il faut. Le film peut se voir comme un véhicule commercial à son attention, ce qui est probablement vrai, mais encore faut-il assurer. Jouant un personnage exubérant qui a la tchatche chevillée au corps (symbole de la génération stand-up), elle fait planer sur le film une folie douce qui irrigue chaque plan, ne refusant jamais les scènes un peu plus grave et elle joue avec beaucoup de naturel, ne forçant jamais ses phrases. Bref, une belle performance. (...) L'écriture est donc à féliciter car le propos n'est jamais abêtissant, convenu, maladroit ou encore moralisateur. C'est une pure comédie de situation à l'américaine, avec des gags, des quiproquos, des répliques qui fusent, un rythme soutenu, une dimension tragique qui ne prend jamais le pas sur le reste. Les personnages évoluent, alors certes de manière conventionnelle, mais cette logique que d'aucun pourrait trouver prévisible et dommageable, ne nuit pas au propos du film ou bien encore à sa qualité. Au contraire, je trouve ça presque rafraîchissant, à l'heure où il faut soit être lisse et consensuel ou bien multiplier les twists, quitte à perdre le fil de la narration. On a pas l'impression qu'il y a beaucoup d'improvisation, le texte est dit avec beaucoup de naturel, on sent que le tout a été bien bossé par les scénaristes bref, c'est de la bonne qualité à ce niveau là. Et puis surtout, il y a la réussite de la mise en scène, très rare dans le genre. Bon, on retrouve aussi certains tics d'écriture un peu agaçants, c'est parisiano centré mais le propos reste universel et plutôt pertinent, avec une vraie profondeur. Car oui, le plus souvent, les comédies françaises (mais aussi beaucoup de comédies US) sont platement mise en scène, se distinguant à peine des séries TV ou des téléfilms, et l'on se demande bien pourquoi ça sort en salles du coup. Là, les plans ont du sens. Il y a tout d'abord cette visite en plan-séquence de l'appartement ou bien encore cette de repas qui commence avec un plan d'ensemble avec tout le monde attablé avant que la scène ne se termine avec André Dussolier seul, avec la même valeur de plan qu'au début de la scène ou bien encore ce joli plan, assez pudique, de son personnage qui vient consoler celui de Julie Piaton. Bref, régulièrement, je me suis dit que c'était quand même du beau travail, avec de belles lumières, des décors bien exploités et surtout, le film évite l'ennui en dépit du fait qu'on reste beaucoup dans l'appartement. Le montage est rythmé, avec un bon sens du timing comique, des running gags bien placés et qui ne garde que l'essentiel. Une bien belle réussite. La critique complète sur thisismymovies.over-blog.com