D'un côté, un adolescent de 17 ans, explosif de vie, de l'autre, une femme, au cœur au bord de s'éteindre. Et entre les deux, le tiraillement de la mer, les vagues et l'écume qui épousent la route et la terre, comme un signe de fin du monde. "Réparer les vivants" n'est pas qu'un plaidoyer sur le don d'organe. C'est une balade lyrique dans l'âme et le cœur des gens qui perdent un être cher, et ceux qui sauvent leur propre histoire de vie en recevant un organe. Le long-métrage fait honneur au corps médical qui constitue une sorte de césure entre ces deux humanités, cette mère fatiguée, presque mourante, et ces parents écrasés par l'horreur de la mort. On pourra regretter une mise en scène parfois un peu trop démonstrative. On pourra regretter aussi des larmes en trop, des excès narratifs comme cet amour entre la femme et une pianiste pas forcément utile à la narration. Mais dans tous les cas, "Réparer les vivants" est une œuvre dense, fluide, apaisante, où l'on apprend les procédures médicales en matière de donation d'organes, tout autant que ces vies qui donnent et reçoivent la vie. Les acteurs sont parfaits, et la mise en scène, très documentée, permet aux personnages d'évoluer dans ces univers avec générosité et aisance. Le film constitue une belle tranche d'émotion, absolument nécessaire si l'on veut bien réfléchir au sens de la vie, à l'humanité en général et à l'amour en particulier. Car mine de rien, ce beau film raconte l'amour dans toutes ses variations possibles : la parentalité, la fraternité, la décomposition et la recomposition des couples, l'amour du métier, le don de soi au service de l'humain. Et en cela, "réparer les vivants" est un film indispensable.