Une petite folie purement cinématographique, trouvant parfaitement sa place en tant que film de festival pour commencer sa carrière, mais ne parvenant malheureusement pas à sortir suffisamment en salle et autres support pour acquérir la visibilité nécessaire pour réellement exister (ce pour quoi ce film en devient plus puissant au cœur d’une programmation de festival). Son côté plus que décalé à sans aucun doute freiner certains distributeurs mais pourtant cette œuvre est avant tout une œuvre d’images et d’inventivité de cinéma, jouant habilement sur les codes que sont les protagonistes (ici un cadavre tient tout de même l’un des 2 quasi uniques roles du film), l’univers, la direction visuelle et technique de certaines scènes et bien sûr la bande son totalement faites à la voix et les percussions, cet ensemble est plus proche de l’art que du divertissement et essentiellement réussi surtout par sa mise en scène. Non pas qu’il s’agissent d’un chef d’œuvre du 7e art, car justement quelques aspects de ce film tombent dans le côté comique plus dans cet esprit de divertir qui ont tendance à plomber de nombreuses scènes, et bien évidement les pets insistants qui rythment le mixage sonore sont vite insupportables, et en dehors de la scène d’introduction, ils n’apportent rien à l’ambiance si poétique qui tente de s’imposer, et bien que certaines métaphores tentent de percer à travers ces effets sonores d’assez mauvais goûts, cela ne change rien à l’affaire! L’autre faiblesse très présente, c’est évidemment son scénario, qui a juste de l’intérêt dans son synopsis et son présupposé de départ tellement déroutants, et en dehors des messages passés à travers les pérégrinations de ces héros inhabituels qui eux sont plutôt touchantes dans ce qu’elle racontent et illustrent, mais en dehors de cette vision très singulière de l’amitié, de l’amour, de l’apprentissage de l’amour et d’une pointe d’imagination de haut vol, le script est seulement là pour établir d’excellentes thématiques et une imagerie de très grande qualité. Ce qui est clairement l’une des meilleure partie du film, car la manière de recréé la vie sous forme de décors où chaque détail est pensé et montré parfaitement, plonge irrémédiablement dans ce sentiment de pur cinéma, où l’imaginaire prend tout sens et où l’ambiance prend réellement au tripes. Et il ne faut pas oublier que le duo de protagoniste ne semblent pourtant pas initialement destinés à créer plus d’émotion de d’absurdité, du moins tel qu’ils sont présentés, pourtant on assiste à un moment d’une poésie et d’un certain lyrisme, mis en exergue par la musique unique, mais ce qu’il faut surtout souligner, c’est que ces personnages improbables existent pleinement par leur interprète respectif. Si Paul DANO offre la un de ses rôles le plus marqué et déluré, ce qui lui va à merveille, apportant la dose poétique nécessaire par ce qui dégage, tout comme son personnage en met dans l’univers solitaire dans lequel il évolue, mais celui qui reste le plus incroyable ici, c’est bel et bien Daniel RADCLIFFE qui avait déjà prouvé sa volonté de sortir de l’image de gentil sorcier qu’il a incarné dans la saga « Harry Potter », chose qu’il avait réussi haut la main plusieurs fois, mais ce rôle est sans aucun doute le plus incroyable de sa filmographie. Tout commence évident par le postulat de départ puisque ce dernier incarne tout simplement un cadavre revenant à la vie, mais bien loin de la fausse interprétation que pourrait avancer le style de mort vivant pur et dur, ici le personnage reste fidèle à l’image qui s’en dégage, soit un corps simplement vivant au sens physique du terme, mais conservant tout son côté mort, donnant lieu à une interprétation et des dialogues impressionnants, car cet aspect réaliste malgré une atmosphère absurde jusqu’au bout des ongles renforce parfaitement l’ambiance onirique que ce film tend à installer, puis à cela s’ajoutent quelques effets visuels pour illustrer les particularités de ce cadavre, d’une qualité impressionnantes, ne tombant pas du tout dans le mauvais goût mais transpirant l’absurdité de partout, donc encore faut il être pris dans le style très loufoque proposé, mais le rendu à l’image lui est indéniable. Et le principe reste le même au regard de la conclusion proposé, tout aussi barrée mais pourtant pas dénué de sens pour un sou, illustrant par des images et situations très décalées des messages à la portée bien plus universelle qu’ils ne peuvent paraître aux premiers abords. Ainsi, si aux premiers abords, être œuvre n’est pas aisée à appréhender et ne fera jamais office de simple divertissement, la qualité de jeu des 2 acteurs, le postulat délirant, l’univers haut en couleur et très visuel, des situations grandiloquentes et une musique tout aussi possédée, le résultat final, dans son ensemble reste évidement le sentiment d’avoir passer un moment de cinéma hors du temps, et bien que le mauvais goût parsèment un bon nombre de scènes du film, parasitant peut être même un peu l’aspect onirique de ce qui est présenté, il ne reste en mémoire finalement que de belles images, une philosophie et du sentimentalisme intégré de manière subtile, le tout avec un ton complètement décalé, et cela reste appréciable quand le cinéma indépendant ne se veut pas prétentieux mais audacieux, seul quelqu’uns y parviennent, mais la chose la plus évidente malgré cela, c’est qu’on se souviendra surtout de l’acteur et de la performance transcendée de D. RADCLIFFE plus que de sa paire de réalisateur qui faisaient ici leur première tentative au cinéma (après l’univers du clip musical)