Un véritable OVNI où je ne me suis pas ennuyé une seule seconde.
Claire Denis revient pour son meilleur film depuis longtemps, pour un huis clos de SF aux antipodes complètes des carcans du genre.
Dôté d'un très bon casting mené par une Juliette Binoche encore une fois impériale, et un Robert Pattinson qui prouve encore une fois qu'il est un acteur livrant des compositions de qualité, "High Life" est finalement un récit fascinant en totale agonie, nous montrant une expédition sans réel but aux confins de l'espace dans un vaisseau parallélépipédique, où des condamnés à mort se retrouvent pour un sujet d'étude obscure.
A l'image des protagonistes, le spectateur est plongé dans ce vide et ce vaisseau dénué de but, où une Juliette Binoche oscillant entre froideur clinique, sexualité endormie, trauma profond et autorité certaine s'essaye à des expériences de reproduction sur les autres condamnés.
Le nombre de thèmes abordés est important, de l'isolement à la frustration sexuelle en passant par la manipulation hiérarchique, dans un récit d'humanité en perdition où la mise en scène dicte la narration et les diverses interrogations de personnages réduits à l'état d'éprouvettes vivantes, loin d'une Terre grisâtre qui semble tout droit sorti d'un film de Tarkovsky.
Car oui, il y a du Solaris, ou encore de l'Under the Skin dans "High Life", trip sensoriel palpable et organique où les fluides se mêlent aux couloirs du vaisseau.
Claustrophobique et d'emblée hermétique (ce qui repoussera pas mal de spectateurs), "High Life" nous questionne, et propose des scènes lyriques, parfois radicales, malgré au final un manque de direction du propos assumée, avec un traitement des thèmes qui aurait mérité une réelle conclusion lourde de sens.
Quoiqu'il en soit, on a là un film captivant, cohérent, plein de symbolisme et de thématiques peu traitées dans le domaine de la SF. On regrettera des personnages secondaires finalement très secondaires (malgré la présence de Mia Goth ou Andre 3000), ainsi qu'une dernière partie faisant la place à une conclusion attendue, comme si tous les questionnements abordés étaient là sans but réel.
Le tout reste néanmoins une expérience intéressantee, où le fascinant côtoie le repoussant.