Dans le futur, un groupe de condamnés à mort sont lancés dans l'espace faisant partie d'une nouvelle expérience de réinsertion, selon la version officielle. En réalité ces gens seront laissés à leur sans qu'ils ne reviennent jamais sur terre. High life s'inscrit dans la filmographie de Claire Denis comme un de ses films aux pitchs improbables et basés plus sur l'insinuation que sur l'évidence. On a l'exemple de la travesti tueuse de J'ai pas sommeil, basé sur des faits réels, ou les vampires clandestins de Trouble every day.
Heureusement, la space-opéra n'arrive pas à dresser Denis dans les codes du genre et elle s'en sert d'un montage chaotique qui a toujours marqué son style personnel. On mêle le passée et le futur sans qu'on suit une ligne temporelle claire. Avant d'analyser ce chaos il faut faire mention au superbe prologue du film: un astronaute répare le fuselage d'un vaisseau dans l'espace. D'un coup, il entend un bébé pleurer dans la radio. Il entre dans le vaisseau et sur une porte on voit un carré noir: le vide. C'est par ce trou qu'il jette les corps du reste du casting avant que le titre du film fasse apparition.
À plusieurs festivals le film à provoqué des débandades. C'est un film avec des scènes de violence et de sexe, certain, mais rien de plus graphique ou choquant que n'importe quel autre film déconseillé aux mineurs. Le grand problème face au public c'est l'épreuve qui suppose suivre un film de science-fiction sans ordre chronologique où pas grande chose se passe. High life est très attaché au style de sa créatrice qui s'intéresse plus à mettre en évidence la nature humaine au lieu de miser sur l'action du récit.
Une poignée de dangereux criminels sont enfermés et isolés et soumis aux radiations de l'espace. Ils ne pourront faire abstraction de l'usure physique et psychologique que de deux façons: le potager dans le vaisseau, symbole de paix et calme, et le fuckbox, une machine sexuelle, qui rappelle énormément à l'Orgasmatron de Barbarella et qui nous offre la meilleur scène du film, celle de l'hypnotique extase de Binoche au rythme des Tindersticks. Hors, l'éloignement de la Terre et l’oppression de cette cage spatiale mèneront les personnages vers la fin inévitable. Claire Denis montre qu'on ne peut éviter les conduites violentes avec la quarantaine. Les expériences de la docteur échouent, le désespoir fait que les gens se jettent dans un trou noir et le temps ne fait que rendre la situation pire.
Les références à Solaris sont partout dans le film. Par contre, si dans le classique soviétique c'était l'exoplanète du titre qui réveillait la folie dans les cosmonautes, c'est l'abandon et l'affliction qui déclenchent la tragédie dans High life. Le seul rayon visible de l'espoir c'est la naissance d'une gamine. Selon le vaisseau s'éloigne de la Terre, les normes morales, les lois et les règles disparaissent et comme conséquence, la relation paternel-filiale devient plus ambiguë et abstraite. Voici la nouvelle vie à laquelle, père et fille, devront faire face. Une nouvelle forme de vie, High life, qui va au-delà des codes connus sur Terre.
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