En voyant débouler "Brice 3", tout le monde s’est posé la même question : « il y a eu un 2 ? » Dès lors, se posait de savoir quand et comment on avait pu louper ça. Parce qu’après tout, "Brice de Nice" s’était avéré marrant à la condition d’avoir posé préalablement le cerveau. Autant vous confirmer tout de suite ce que vous avez dû apprendre : Jean Dujardin a surpris tout le monde en passant directement du 1 au 3. Qu’importe, la perspective du plaisir à retrouver le personnage emblématique de l’acteur est bien réelle. Il ne reste alors au spectateur plus qu’à poser une nouvelle fois son cerveau. Hélas, cette fois, rien ne fonctionne et l’image de Brice s’en trouve cassée. En dépit du fait que ce personnage n’a absolument pas changé, la faute en revient à une absence totale de scénario. Ce qui est confirmé par les anecdotes de tournage où il est précisé l’origine de cette suite, à savoir… un poisson avec lequel Brice parle de « père à fish ». Alors bien que ça en dise long sur le haut niveau qu’en toute honnêteté le spectateur n’attendait de toute façon pas, le gros problème est l’absence totale de cohérence de l’histoire… si toutefois il y en a une histoire. Oui d’accord, quand on connait la psychologie limitée de l’homme en jaune, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de mirobolant. Quoique… Au moins dans le 1, il y avait un fond qui avait propulsé dans la douleur cet éternel gamin dans le monde des adultes, certes avec le détachement (c’est le moins qu’on puisse dire !) qui lui incombe. Et puis surtout, l’histoire telle qu’elle a été imaginée ne pouvait que faire prendre en sympathie ce Brice à la langue bien pendue, mais infatigable dans la recherche de ses repères confortables et rassurants perdus. Mais ici… les différentes aventures ont l’air d’être jetées les unes derrière les autres, et qu’on a essayé de raccorder les unes aux autres par des facteurs chances des plus improbables et que je préfère qualifier de facilités scénaristiques, voire même d’incohérences. La bouteille portant un message en est un exemple parfait, ainsi que le fait que Brice parvient à retrouver son ami Marius (Clovis Cornillac). Après tout, on se souvient que Marius était parti avec sa belle, mais celle-ci… a disparu corps et âme sans aucune explication. Elle a cassé ? Ou elle s’est cassée ? Bon ok ça revient au même. Bref ! Certes, le début s’annonce plutôt pas mal en replongeant immédiatement le spectateur dans l’univers de Brice. On retrouve les mêmes accessoires, de la brosse à dents aux fringues, grosso modo les mêmes exercices avec toutefois quelques petites variantes, la même passion pour le film "Point Break – Extrême limite", et bien évidemment le même personnage. Seulement voilà : on décroche et on se détache de cet électron libre et incontrôlable qu’on avait trouvé si attachant malgré son immaturité et sa fuite perpétuelle face au sens des responsabilités. A cela on rajoute une séquence en montagne complètement ratée par un travail plus que grossier sur les effets visuels, sans compter qu’on n’imagine absolument pas Brice en montagne, mais alors même pas en rêve. Franchement, vous voyez Brice dans les hauteurs glacées de la haute altitude ? Allons allons ! Bon après il y a bien quelques bonnes séquences comme l’incompréhension liée à l’expulsion (eh oui encore, l’histoire se répète), ainsi que de très bonnes répliques qui fusent ici et là, mais elles sont bien trop rares. Il faudra attendre la grande scène du « casse-contre-casse » pour voir enfin quelque chose d’intéressant et de jouissif par une belle confrontation entre Brice et son adversaire. Loin d’être suffisant pour sauver le film de la niaiserie la plus complète, et dans lequel on ne sent même plus les liens privilégiés qui unissaient Brice avec Marius. Les personnages ne sont donc devenus plus que l’ombre d’eux-mêmes, et ça vaut aussi pour Bruno Salomone dans le rôle d’Igor. Donc oui, pour ce "Brice 3", Jean Dujardin aurait dû faire comme pour le 2 : s’abstenir. Car ici, l’enveloppe de ce film n’est ni plus ni moins qu’une histoire racontée aux enfants (dont on ne sait absolument rien) par quelqu’un en prise à la nostalgie d’un passé qui a la bonté de lui laisser des souvenirs glorieux imaginaires. Une histoire contée dans laquelle il faudra essayer de démêler le « faux » du « vrai ». En dehors de « casse contre casse », c’est peut-être là le seul intérêt du film. Ceux qui, comme moi, avaient adoré "Brice de Nice", risquent fort d’être considérablement déçus… comme moi… et comme beaucoup d’autres, et préfèreront ne garder en mémoire que le 1, véritable barre de rire en or massif.