Ce "Sang de mon sang", dont le rôle principal est tenu par le propre fils du réalisateur, Pier Giorgo (qui a le même prénom que le frère aîné de son père, écrivain et critique littéraire), dont la plus évidente grille de lecture est une réflexion sur la gémellité (Marco Bellochio avait un frère jumeau, comme Federico/Fabrizio et qui s'est, lui aussi, suicidé - thème douloureux déjà évoqué dans "Les Yeux, la Bouche", en 1982), doit être complété par un "Terre de ma Terre" sans doute - la scène étant à Bobbio, son village natal, berceau de sa famille, dont le centre a gardé son aspect médiéval (et où il tient chaque été un atelier de cinéma). Ce "Sangue del mio Sangue" est un film à décrypter - grâce à quelque herméneutique complexe, à la fois littéraire, politique, philosophique... mais aussi historique, voire psychanalytique.... Du cas (véridique) de cette nonne sans vocation ("Benedetta") du 17e siècle qui, ayant séduit un homme de Dieu (et l'ayant conduit à se supprimer - péché majuscule), est poursuivie par la Sainte Inquisition en sorcellerie (avec jugements de l'eau et du feu - puis réduite à l'état de recluse), non sans avoir séduit le jumeau de son amant, homme d'armes, lors de son procès, à celui d'un comte façon Dracula de l'Emilie-Romagne, alias Roberto Herlitzka, déjà distribué dans "La belle Endormie" - le lien se faisant entre les deux par couvent interposé, devenu prison, puis thébaïde dudit, au cours des âges. Ou pas ! On peut simplement se laisser fasciner par la beauté des images et l'excellence de la mise en scène, et se laisser emporter par ces récits emmêlés, allégoriques, fantastiques - et oublier, par exemple, de s'étonner du nombre de "déments" et de (faux) aveugles et handicapés formant une sorte de Danse macabre, ou de Choeur improbable dans la bourgade en mode contemporain.... En tout cas, charge contre la religion, par l'athée revendiqué qu'est Bellochio ? Sans doute, mais tempérée à la symbolique et l'onirique....pour un film inclassable.