"Madame" (en fait Mme n° 2, qui avait mis le grappin sur son yankee d'époux alors que son coach de golf) a soudain l'angoisse du "Treize à table", son beau-fils débarquant sans prévenir, pour compléter mal à propos un dîner mondain qu'elle donne dans l'hôtel particulier parisien occupé depuis peu. "Bob", Monsieur, à court d'argent, s'apprête à vendre d'ailleurs une "Cène" attribuée au Caravage (réception de "facilitation" à cet égard), ce qui fait écho chez elle à l'origine traditionnelle de cette superstition ! Pour faire le quatorzième convive, elle requiert les services de "Maria", membre de sa domesticité, la chapitrant dûment sur son rôle de figurante d'un soir. Las, le beau naturel de l'Espagnole, et le hasard (ou presque..) la mettant à côté de "David", un très fortuné quinqua irlandais, vont faire que les choses tournent bien différemment du scénario imaginé par "Anne". Cette 2e réalisation de Mme ex-Bruel est une assez bonne surprise ! Chronique (ébauchée) de la bourgeoisie cosmopolite (qui continue les grands classiques de la bourgeoisie tout court, comme l'adultère... Madame et Monsieur s'ennuient, chacun de son côté...), "rafraîchie" par une variable dramaturgique "classique" (la soubrette prend la partie de sa maîtresse), mais revisitée au sentimentalisme de roman-photos,qui, si elle est donc insuffisamment étoffée et fouillée, est divertissante, et fait souvent mouche. Et vaut beaucoup par l'usage malicieux des archétypes, incarnés par les acteurs ad hoc : l'almodovarienne Rossy de Palma (la bonne), dont le physique de Picasso au naturel est transfiguré à la fois par la foi du charbonnier et l'impétuosité d'une passion d'ado, Harvey Keitel (Monsieur) en Américain doré sur tranches (dont la vulgarité existentielle affleure toujours..), Toni Collette (la meilleure du lot, de loin) en Australienne arriviste cynique (Madame)....