Ils ont 15 ans. Lui, Max, il rêve d'accéder à une carrière de foot avec les encouragements de son père. Elle, Mèl, elle l'aime éperdument son Max. Et le drame arrive : Mélanie est enceinte. Le drame ? Parce qu'attendre un bébé à 15 ans, c'est loin d'être une évidence quand on a encore un avenir à construire, des fêtes et des sorties à partager, et des amours peut-être à commencer. Guillaume Sénez a réalisé une œuvre honnête, simple et délicate. Il regarde l'adolescence avec tendresse et acuité. Il a créé un film belge, qui ne soit pas glauque, ou social. Au contraire, le film se passe dans un quartier pavillonnaire réservé aux classes moyennes, avec des personnages de la vraie vie, pour les uns divorcés, pour l'autre mère célibataire. Ce qui intéresse le réalisateur, c'est la grandissement à la vie de ces deux jeunes-gens. On apprend ô combien l'adolescence est la continuation de l'enfance, et qu'à ce titre, elle mérite des mots pensés, une retenue, là où les jeunes brillent parfois dans les excès et la tentation d'indépendance. Pendant tout le film, le spectateur a envie de serrer le jeune couple dans les bras, et de les accompagner dans leur choix de vie si difficile. L'interprétation de Kacey Mottet Klein et Galatéa Bellugi est subtile et remarquable. Ils retrouvent les regards, la gestualité, les voix propres à ce passage si particulier de la vie. On pourra peut-être regretter que le regard de la caméra se fixe surtout l'adolescent, Maxime, mettant un peu de côté Mélanie, voire faisant craindre pour la jeune-fille, une stéréotypie dans le comportement. Mais la douceur du récit l'emporte allègrement. "Keeper" (dont le titre mystérieux devient une évidence pendant le déroulement de l'histoire) est un film réjouissant, beau, souvent douloureux, mais qui donne envie de faire confiance à une jeunesse qui détient les clés de sa propre vie, bien plus que la société des adultes ne le croit.