Mauro Herce a embarqué à bord du "Fair Lady", un vraquier (un navire destiné au transport de marchandises solides en vrac). Pendant plusieurs mois, il a filmé le quotidien de ces hommes au cœur du monstre d’acier (de 225m de long pour 32m de large).
Le film ne dure que 73min, pourtant on jurerait qu’il en dure le double tant ce dernier peut nous paraître long car trop contemplatif. En effet, le réalisateur ne cesse d’enchaîner les plans fixes ou méditatifs et s’en est parfois assommant. Alors certes, il y a de très beaux jeux de lumières et de couleurs mais à trop vouloir filmer du vide et l’horizon… on finit par trouver le temps long.
Le cinéaste a semble-t-il, eu carte blanche pour filmer là où il souhaitait durant son voyage. De la cabine de pilotage en passant par le pont, les cales, la cantine, les cabines, la salle des machines ou encore les couloirs lugubres. Quasiment aucun dialogue ne viendra tenter de nous sortir de notre torpeur et c’est bien dommage. En l’absence d’explication, bon nombre de scènes sont difficile à comprendre, parfois on ne distingue rien ou l’on ne sait pas ce qui est filmé ni où l’on se trouve dans le navire.
Il y a cependant une séquence assez mémorable dans le film, celle de l’incident avec le chargement de blé. Il y a eu une voie d’eau, résultat, cela a impacté le blé qui était stocké dans la cale, le rendant avarié. Comme il est interdit de se débarrasser de la marchandise près des côtes, ils n’avaient d’autre choix que de le faire en pleine mer. La scène est assez surréaliste, on voit les marins dans cette gigantesque cale, armés de pelles et de seaux pour jeter le blé en pleine mer (à titre de comparaison, à quai, les dockers utilisent d’immenses grues). Ils paraissent microscopiques à l’échelle du navire.
Il faut aimer le cinéma narratif et contemplatif pour pleinement adhérer à Dead Slow Ahead (2015). Malgré de très beaux plans, je suis resté à quai face à ce que certains qualifient de poème visuel. Dans le même registre (la mer, les marins et une immersion à bord d’un bateau), sorti deux ans plus tôt et qui s’avère être lui aussi une expérience déroutante, il y a Leviathan (2013) de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel.
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