Juillet Août est le 3ème long-métrage de Patrick Asté alias Diastème après Le bruit des gens autour et Un Français. Le réalisateur avait rangé cette histoire dans un tiroir depuis très longtemps et a décidé de la ressortir et de la retravailler avec son amie scénariste Camille Pouzol : "J’avais envie de parler de l’adolescence, du moment où on y entre et de celui où on en sort, et de travailler avec des ados : je ne l’avais jamais fait au cinéma, mais dans ma première pièce de théâtre, La Nuit du thermomètre, les personnages - joués sur scène par des adultes - avaient douze ans. J’avais envie de parler de la famille, aussi. Et plus largement, après Un Français, de m’intéresser aux rapports amoureux, capter de la tendresse entre les personnages, être dans quelque chose de doux, m’entourer de personnages que j’aime", explique le metteur en scène.
Pour garder une énergie et un rythme de comédie, Diastème a choisi de tourner quasiment intégralement caméra à l'épaule : "Rien n’empêche qu’une comédie puisse être élégante et rythmée, a fortiori quand il ne s’agit pas d’un film à gags, ou, disons, dans la quête permanente de l’efficacité comique", analyse le cinéaste.
L'impertinente Laura est incarnée par Luna Lou, jeune comédienne espoir de 14 ans : "Elle s’appelle comme ma nièce, elle ressemble aux gamines que j’observe autour de moi : j’adore la liberté, la “bargerie” de cet âge. Elle a 14 ans mais, physiquement, elle n’est pas très en avance. Ce qui nous paraît futile est un drame pour elle", précise Diastème. Pour la trouver, le metteur en scène a vu 25 adolescentes avant d'arrêter son choix sur Luna : "J’ai vu une gamine belle comme tout, haute comme trois pommes, avec la voix de Simone Signoret, je l’ai rencontrée très vite. Elle avait fait des petites choses à la télévision (...). Je n’ai jamais vu autant de dons chez un comédien ! (...) Comme c’est un film que je voulais très découpé, la scène où elle apprend que sa mère est enceinte a été tournée sur plusieurs axes, avec plusieurs valeurs de plan. Elle avait énormément de texte, et sur les cinquante prises, elle ne s’est jamais trompée, et cinquante fois elle balançait la même énergie ! Elle était exactement le personnage que j’avais écrit", relate le réalisateur.
Dans ses influences cinématographiques pour Juillet Août, Diastème cite La Boum, Diabolo Menthe mais surtout Portrait craché d'une famille modèle de Ron Howard : "J’aime bien l’idée de la troupe, parce que mes années de théâtre m’ont marqué et que même avant cela, j’ai vécu avec des troupes. J’ai été dans des groupes de rock, plus petit j’étais dans une chorale, avec laquelle j’ai pas mal voyagé, après j’ai fait des journaux avec une bande de gens qui sont toujours mes amis. Dans le plaisir de faire Juillet Août, il y a aussi celui de la troupe", confie le réalisateur.
Pour Diastème, il est très important de prendre le temps de faire des répétitions avec les comédiens : "Cela permet de gagner beaucoup de temps, de se poser la plupart des questions en amont. Je peux donner au comédien des infos sur son personnage, c’est toujours important qu’il en sache plus que le spectateur. On dit les dialogues, on voit ce qui sonne bien, et ce qui sonne moins bien. On règle aussi quelques mouvements. Sur le tournage, le temps sera compté. Je sais que le rapport entre Luna Lou et Alma Jodorowsky s’est installé là : pour qu’on croie qu’elles sont soeurs, il faut passer par ce temps de répétition qui est aussi un temps de vie, on mange, on boit ensemble", explique le cinéaste.
Alma Jodorowsky, qui incarne la sensuelle Joséphine dans Juillet Août, n'est autre que la petite-fille d'Alejandro Jodorowsky, maître du cinéma surréaliste des années 1970 : "J’ai travaillé au théâtre avec sa mère, Valérie Crouzet, une comédienne que j’adore... Après l’avoir rencontrée, j’avais juste peur qu’elle soit trop jolie ; je n’avais pas écrit l’histoire d’une fille avec un physique aussi spectaculaire. Mais avec ce qu’Alma dégage d’humanité, de légèreté, de beauté non apprêtée, ce petit doute a vite été balayé. Elle a quelque chose de très doux, mais elle est très forte aussi dans l’énergie", indique Diastème.
Diastème a pensé dès l'écriture du scénario à illustrer son film avec des chansons : "J’avais envie qu’il y ait comme un choeur grec qui traverse le film. Les chansons devaient être en français mais sans épouser le point de vue d’un personnage. Il se trouve que j’ai la chance d’avoir pour ami Alex Beaupain, peut-être le meilleur auteur de chansons actuel, que je connais bien Frédéric Lo qui est un compositeur incroyable. Je leur ai demandé des chansons très “low-fi”, ultra-simples, guitare ou piano plus voix, enregistrées sans effet. Ils ont commencé à les écrire à partir du premier montage, sur les images : j’avais placé des exemples avec des chansons américaines qui donnaient à Frédéric des indications de rythme et de ton. On avait prévu quatre emplacements pour quatre titres et puis finalement, au montage, on s’est aperçu qu’il y avait de la place pour un cinquième morceau", raconte le metteur en scène.