Le moins que l'on puisse dire après avoir vu "Dans le noir", c'est que le genre horrifique est en plein renouvellement. Là où ce type de fiction met souvent en opposition un méchant, vaguement fantomatique et démoniaque, et une bande de jeunes écervelés, voire une mère courageuse, le film, ici, déroule une mère, malade depuis longtemps, et ses deux enfants, en proie avec une monstruosité nocturne dont on ne sait si elle est réelle, ou une manifestation des troubles psychiques de la mère. "Dans le noir" évite brillamment le manichéisme, ce qui renforce son aspect angoissant et prenant. Car, oui, si certaines scènes sont parfaitement convenues pour le genre (avec les musiques qu'il faut à coup de grosses caisses et de sons métalliques), d'autres, au contraire, font dresser les poils du spectateur. La frayeur s'immisce lentement, mais sûrement, particulièrement parce que le monstre qui craint la lumière, n'est jamais véritablement identifiable. La peur surgit sans doute du doute qui se dégage de ce fantôme, dont on ne sait s'il est véritable ou tout droit sorti de l'imagination schizoïde de la mère. On rentre ainsi au cœur d'une famille, qui, comme toutes les familles cultive ses doutes, ses troubles, ses tabous, et surtout ses peurs du noir, un noir plus profond que les apparences.