Coscénariste en 1993, avec le réalisateur du film Jim Sheridan, de" Au nom du père", l’irlandais (du Nord) Terry George a réalisé en 1996 son premier long métrage, "Some mother’s son", jamais sorti dans les salles françaises. On lui doit, en 2004, la réalisation de ce qui peut se faire de pire lorsque Hollywood s’attaque à des événements dramatiques de l’histoire récente. Le drame traité alors par Terry George, c’était le génocide des Tutsis du Rwanda, le titre du film étant "Hotel Rwanda". Autant dire que lorsqu’on aborde son dernier film, La promesse, film sur le génocide arménien, on ne peut s’empêcher de craindre le pire !
Alors que le cinéma a traité à de multiples reprises et sous les formes les plus variées l’abomination qu’a été la Shoah, il n’en est pas de même pour un génocide perpétré plusieurs années auparavant, en 1915, le génocide des arméniens par les turcs. La communauté internationale s’accorde à chiffrer à environ 1 300 000 le nombre de personnes qui perdirent la vie lors de ces massacres, soit près de 80 % de la population arménienne vivant alors en Turquie. Autant dire qu’un film relatant d’une façon ou d’une autre ces événements tragiques est forcément considéré par beaucoup, a priori, comme fort utile, tout en étant, a priori également, rejeté par ceux qui, en Turquie, continuent à nier l’existence d’un tel génocide.
Ce film, "La promesse", c’est Kirk Kerkorian, un richissime homme d’affaire américain d’origine arménienne, décédé en 2015, qui l’a voulu et qui l’a financé. Restait à trouver la façon de porter ce pan de l’histoire à l’écran. Le film étant très américain, il n’est pas franchement étonnant que, dans le but de toucher le plus grand nombre de spectateurs, une histoire sentimentale soit venue se greffer sur l’argument historique proprement dit. Cette histoire sentimentale met en scène Michael, un étudiant en médecine arménien, et Chris, un journaliste américain, venu pour raconter au monde les horreurs dont il est témoin, tous deux amoureux de Ana, une jeune femme d’origine arménienne vivant en France.
C’est un fait : on retrouve dans "La promesse" le même genre de défauts que dans "Hotel Rwanda" : utilisation exclusive de la langue anglaise (ou française dans la VF), invraisemblances, musique insupportable, et pourtant, allez savoir pourquoi, le plat, même s’il est franchement indigeste par moments, arrive cette fois ci à passer. Certes, on se rend bien compte qu’on est en face d’un mélodrame tire-larmes mais, même si on en a parfois un peu honte, on arrive à se laisser prendre à cette fresque historique dans laquelle on sent flotter un certain souffle épique et on marche à la narration romanesque de ce triangle amoureux. Et puis, il y a cette très belle phrase prononcée par Ana : « Notre vengeance consistera à survivre » !
On s’attendait au pire, ce qu’on voit est bourré de défauts mais, cependant, il est difficile de ne pas marcher un minimum à la vision de ce mélange de mélodrame et de fresque historique ! Une certitude, toutefois : on aurait beaucoup gagné à ce que le film soit réalisé par Robert Guédiguian !