Il y a 5 ans, nous avions fait connaissance avec le réalisateur argentin Sebastián Borensztein avec "El Chino", son 3ème film de cinéma. Une comédie douce-amère avec en tête d’affiche un acteur que les cinéphiles apprécient de plus en plus : Ricardo Darin. Pour son 4ème film, beaucoup plus dramatique, Borensztein a de nouveau fait appel à Ricardo Darin en lui associant un autre grand comédien argentin, Oscar Martinez ("Les nouveaux sauvages", "Paulina", "Citoyen d’honneur"). Dans "Kóblic", Sebastián Gorenstein nous plonge dans une période très sombre de l’histoire de l’Argentine, une période où régnait la dictature du général Videla et où, pour un militaire, il était particulièrement mal vu de désobéir à un ordre de sa hiérarchie.
A cette époque, on jetait des opposants vivants dans la mer, depuis des avions militaires. Le pilote Kóblic, capitaine de la Marine, avait fini un jour par obéir à sa conscience et avait refusé d'ouvrir en vol la porte de son avion. D'où une fuite en direction un petit village de la pampa où Alberto, un de ses vieux amis, pouvait lui offrir une possibilité de reconversion dans le pilotage d'un avion utilisé pour l'épandage sur des cultures de colza. Un plan a priori plutôt tranquille, mais ... Il y a Velarde, un policier tout à la fois tenace et sans scrupule qui règne sur le village ; il y a Nancy, la ravissante jeune femme qui travaille dans la station service du village et qui semble être sous la coupe d'une brute épaisse, Omar, son patron. Un plan a priori plutôt tranquille mais qui ne peut que tourner au vinaigre lorsque Kóblic doit faire face à Velarde et à Omar.
En fait, C'est à un véritable western que nous convie Sebastián Gorenstein avec "Kóblic" : les grands espaces, le shérif véreux et sans scrupule qui tient un village sous sa coupe, la femme abusée qui aimerait bien qu'on vienne la délivrer, l'homme solitaire venu d'ailleurs qui débarque et qui pourrait être le justicier tant attendu. Et, comme dans tout bon western, certains se rangent du côté du héros positif, d'autres choisissent l'autre camp.
Thriller ? Western ? En tout cas, "Kóblic" se situe dans un genre très différent de "El Chino". Avec ces deux films aux qualités évidentes, scénario, mise en scène, interprétation, Sebastián Borensztein apporte la preuve qu'il peut se montrer tout aussi à l'aise dans le drame que dans la comédie douce-amère. Dans "Kóblic", il est en plus particulièrement bien aidé par le très beau duo de comédiens constitué de Ricardo Darin et d'Oscar Martinez, sans oublier la prestation riche en nuances de Inma Cuesta.