Etait-il bien nécessaire de ressusciter une nouvelle fois l’un des plus illustres tueurs que le septième art ait connu, le mythique Michael Myers ? Le « Halloween » original de John Carpenter est peut-être le slasher le plus intouchable du cinéma, celui qui a lancé tout une horde d’hommages, copies ou films du même genre (de « Vendredi 13 » à « Scream » en passant par « Candyman »). Réputé inégalé, il a souffert de nombreuses suites plus minables les unes que les autres et d’un très honnête reboot fait par Rob Zombie, qui a lui aussi connu une suite. Notons également que la star du film, Jamie Lee Curtis, était revenu le temps d’une des suites faire coucou dans le sympathique « Halloween, 20 ans après » avant de revenir encore une fois dans celui-ci, tout juste quarante ans après. Alors même si à la barre on retrouve l’éclectique David Gordon Green, auteur aussi bien de comédies dégénérées telle que le drôlissime et idiot « Délire express » ou de films d’auteur tel que « Joe », la réponse est plutôt négative. Surtout que le producteur Jason Blum est à l’initiative du projet (un homme très fort et au flair commercial incontestable mais dont le côté mercantile de la plupart des productions est flagrant) et que le concept un peu hybride du film laisse perplexe. En effet, cet « Halloween » 2018 décide de ne pas tenir compte de toutes les suites et de se présenter comme la séquelle directe du film de base. Bref, cette énième resucée, si elle est loin d’être déshonorante et qu’elle tente de se justifier comme une espèce d’hommage, n’était vraiment pas indispensable. Elle manque clairement de surprises et les passages attendus par les fans, censés entrer dans la légende, sont loin d’avoir l’effet escompté.
C’est dommage car au début on y croit. Le prologue met mal à l’aise et s’avère très prometteur. Gordon Green préfère, à raison, installer une ambiance délétère et approfondir la psychologie de ses personnages plutôt que de lancer tout de suite son croque-mitaine à l’assaut des victimes. Il est intéressant de voir trois générations de Strode (patronyme de l’héroïne) se battre contre leur Nemesis. Mais c’est finalement un peu long à démarrer, bourré d’invraisemblances et de facilités de scénario (le transfert de Myers qui a lieu pile le soir d’Halloween…) et si le réalisateur soigne sa mise en scène et ne lésine par sur d’excellentes idées (le minuteur de la lampe, l’accident du bus, …), on ne sort que très rarement des sentiers battus et rebattus par des dizaines et des dizaines de long-métrages du même sous-genre horrifique qu’est le slasher. Il est cependant appréciable de voir que toute tentative d’humour ou de dialogues bas de plafond est gommée et qu’il y a un surplus de gore par rapport à ce que les productions Blum nous offrent en ce moment (« La Nonne » pour ne citer que le plus récent…). Mais les torture porn tels que « Hostel » et « Saw » sont passés par là et il faut avouer que ce Michael Myers est plutôt timoré, ni vraiment violent, ni vraiment sanglant (en tout cas à l’écran), hormis une tête écrasée. Mais le pire c’est qu’on ne sursaute pas du tout et qu’on n’a pas vraiment peur non plus. Un scandale pour un film « Halloween » ! Quant à l’affrontement final, il n’est ni aussi énervé ni aussi jubilatoire qu’attendu. Ce nouvel opus développe donc une ambiance et quelques scènes sympathiques mais c’est bien trop peu pour légitimer le retour de Myers au cinéma.
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